Investiture de Barack Obama – Profil bas
C’est sous le signe des devoirs qui reviennent à sa génération que Barack Obama a donné le coup d’envoi de son second mandat. Devoirs ? Canaliser les efforts vers la liberté pour tous, la réduction des inégalités économiques, le combat contre le réchauffement climatique et le maintien, voire plus, du statut des États-Unis dans le monde. Vaste programme !
On ne sait plus qui faisait remarquer ces jours-ci qu’à la différence de ses prédécesseurs, Obama avait conclu son premier séjour à la Maison-Blanche et commencé le suivant sans qu’un scandale ait ponctué les dernières années où s’annonce à l’horizon du court terme. Autrement dit, sur ce plan, le chef de l’exécutif bénéficie d’un capital moral et politique exempt des taches qui avaient caractérisé les administrations Nixon, Reagan, Clinton et Bush fils.
Cela rappelé, il faut bien souligner ou plutôt avancer que, malgré ce capital, son mandat risque fort d’être à l’image du premier. Plus exactement, les engagements pris hier risquent fort de connaître le sort de ceux formulés il y a quatre ans tout juste, soit rangés dans le carton des oublis. Pour s’en convaincre, il suffira de noter que la prison de Guantánamo est toujours ouverte ou encore que l’éternelle sérénade sur les écarts entre les riches et les pauvres s’adressait en fait au contingent des crédules. Mais encore ? Alors qu’il avait en mains toutes les cartes pour discipliner et moraliser Wall Street après la multitude de coups tordus qui ont produit la pire crise depuis celle de 1929, il s’est appliqué à ménager la chèvre et le chou. Et rien ne symbolise mieux son déficit politique à cet égard que ceci : les bonus augmentent encore et toujours.
Cela étant, il est fort probable que c’est sur les fronts de l’immigration et du contrôle des armes à feu que le 45e président des États-Unis entend imprimer ses marques en politique intérieure. À Washington, il se murmure beaucoup qu’en ce qui concerne l’immigration il annoncera, lors du discours sur l’état de l’Union, une politique ressemblant à celle que Bush avait tenté de faire passer, soit amnistier les illégaux. On se souviendra que les « p’tits Blancs » s’y étaient opposés avec une telle virulence que Bush avait abandonné son projet. Pour ce qui est des armes à feu, l’opposition d’ores et déjà manifestée par les adversaires du moindre contrôle est si vive que la partie s’annonce très, très corsée. Reste la politique étrangère.
Il faut mettre au crédit d’Obama le fait d’avoir mis un terme aux deux guerres les plus longues dans lesquelles les États-Unis étaient engagés. Il s’agit évidemment de l’Irak et de l’Afghanistan. Il faut également s’attendre à ce que l’Asie soit au coeur de l’action, voire même des préoccupations, de l’administration. À la demande de bien des voisins de la Chine, du Japon au Vietnam en passant par la Corée du Sud, on va assister à un redéploiement des forces armées ainsi qu’à une offensive économique susceptibles, espèrent les uns et les autres, de réduire les appétits de Pékin.
En fait, pour tout ce qui a trait aux affaires étrangères, et pour reprendre une analyse publiée dans le New York Times, la stratégie qu’Obama va traduire en actes en Asie, au Moyen-Orient et en Europe sera à l’image de celle développée par Dwight Eisenhower dans les années 50. Déjà, sa politique du premier mandat faisait largement écho à celle de son prédécesseur républicain par son inclination pour la défensive. Pour la suite, il y a fort à parier qu’il va privilégier l’enfilade de gestes plus ou moins petits et les aides financières à la négociation de traités ainsi qu’aux interventions militaires.
Il en sera probablement ainsi parce qu’il a compris, constaté, les limites de l’influence américaine.
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