C’est à Chuck Hagel, un républicain très atypique, que Barack Obama a choisi de confier les clés du Pentagone. Si le Sénat y consent.
Annoncée par la Maison Blanche le 7 janvier, la nomination de Charles Timothy, dit Chuck, Hagel au Pentagone peut-elle être invalidée par le Sénat ? Le choix par Barack Obama de ce républicain très atypique qu’il a appris à apprécier en 2008, lors d’une mission sénatoriale en Irak et en Afghanistan, répond à une double volonté. 1. Celle de desserrer un peu l’étouffant carcan du bipartisme ; 2. celle d’enfoncer un coin dans les rangs républicains à la veille de l’adoption par le Congrès de coupes drastiques dans le budget de la défense.
Bien sûr, Hagel est loin de faire l’unanimité. Pour la plupart des républicains, c’est un traître. Pour les moins clairvoyants des démocrates, c’est un rallié vaguement suspect. Et puis, il faut admettre qu’il pourrait souvent s’exprimer de manière plus prudente. Cela lui éviterait de se faire inutilement des ennemis.
Les militants de la cause homosexuelle lui reprochent d’anciennes (1998) et maladroites déclarations. Les Hispaniques anticastristes, au premier rang desquels Marco Rubio, le jeune sénateur républicain de Floride, ne lui pardonnent pas de juger « obsolète » l’embargo contre le régime cubain. Les idéologues néoconservateurs n’ont pas oublié sa farouche opposition à la politique de l’administration Bush en Irak (qu’il jugeait « au-delà du pitoyable ») et s’indignent aujourd’hui de son peu d’enthousiasme à sanctionner, militairement et même économiquement, l’Iran pour ses ambitions nucléaires. Voire de son souhait de négocier avec le Hamas palestinien. Accusés par lui, en 2006, « d’intimider beaucoup de monde au Sénat », certains membres du « lobby juif », comme il n’aurait pas dû dire puisqu’il s’agit du lobby pro-Likoud, ont juré sa perte et font courir le bruit qu’il serait le secrétaire à la Défense le moins favorable à Israël de l’histoire des États-Unis.
Mais Obama fait le pari qu’en pleine guerre budgétaire, aucun sénateur démocrate ne prendra la responsabilité de court-circuiter la nomination de Hagel, à laquelle un nombre limité mais suffisant d’élus républicains devraient ne pas s’opposer. Il est d’ailleurs symptomatique que les très influents et très conservateurs dirigeants de l’American Israel Public Affairs Committee (Aipac) n’aient pas officiellement pris position contre sa nomination. C’est qu’ils ne sont pas nés de la dernière pluie. Sachant la partie mal engagée au Sénat, ils se gardent bien d’empoisonner davantage les relations entre Obama et Benyamin Netanyahou par des prises de position intempestives.
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