Les républicains apprennent à parler “Latino”
Pour ne pas froisser les susceptibilités de l’électorat qu’ils convoitent, les républicains se sont mis à parler « Latino ».
Et pour les y encourager, le Hispanic Leadership Network, un groupe latino conservateur, a fait circuler un certain nombre de recommandations pour modérer le langage des secteurs les plus radicaux du parti, un cours accéléré de « políticamente correcto ».
Il est donc préférable de parler maintenant de « sans-papiers » (« undocumented ») plutôt que d’immigrés « illégaux » ; éviter « anchor baby » un terme péjoratif pour décrire les enfants nés aux Etats-Unis de parents clandestins.
Eviter également, en ce qui concerne la sécurisation de la frontière, des expressions comme « barrière électrique », « construire un mur le long de la frontière » ou encore « renvoyez-les tous chez eux » (« send them all back »).
Par contre, pour réaffirmer ses positions, mieux vaut parler de « statut légal obtenu » (« earned legal status »), qui connote certains détours et conditions, plutôt que d’un « chemin vers la naturalisation » (« pathway to citizenship ») qui semble un indiquer un traitement préférentiel.
Dernier conseil : ne pas se référer à la dernière reforme migratoire de 1986, mise en place par…Ronald Reagan…car « il s’est agi d’une véritable amnistie » (qui régularisa trois millions de clandestins).
Les républicains, même les plus récalcitrants, semble avoir compris. Plus personne en tout cas ne parle « d’auto-expulsion », la mesure préconisée par Mitt Romney lors de sa campagne et qui prônait endurcir les conditions de vie des sans-papier pour les forcer à partir.
Dans les négociations qui viennent de commencer, l’élan bipartisan semble avoir inversé les rôles. Chaque camp utilise maintenant le vocabulaire de l’adversaire : alors que le républicain Marco Rubio ne parle que de « sans-papiers » pour faire preuve d’une certaine empathie, le président Barack Obama, dans son discours de Las Vegas, et le sénateur démocrate Charles Schumer n’hésitent pas, eux, à critiquer les « illégaux », pour montrer qu’ils peuvent maintenir une ligne dure.
Les républicains ne perdent pas espoir. D’après un sondage de Latino Decisions, 31% des Hispaniques pourraient éventuellement voter pour le Grand Old Party, si celui-ci adoucissait ses positions sur l’immigration. « Les républicains n’ont pas besoin de remporter la majorité des voix latinos », explique l’analyste Gary Segura, « ils doivent juste éviter la catastrophe », comme avec Mitt Romney, qui ne recueillit que 27% du vote hispanique.
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