Probablement aidé par Sandy et la sécheresse exceptionnelle de 2012, Obama a mis le changement climatique assez haut dans les priorités de son deuxième mandat. Les fatalistes penseront qu’il arrive trop tard, seize ans après le protocole de Kyoto, et les battants qu’il n’était que temps que les Etats-Unis entrent dans la course. Il est possible que les premiers aient raison… et les seconds aussi. Il est surtout probable que, en tant que Français habitués à un exécutif fort, nous n’ayons pas la bonne grille de lecture.
En effet, le président ne peut rien sans vote du Congrès, qui décide de la fiscalité, des subventions et aides aux programmes industriels, de l’instauration d’un système de quotas ; ou encore de la ratification des accords internationaux, qui est du ressort exclusif du Sénat, qui doit approuver les traités à la majorité des trois cinquièmes.
Or le président américain a beaucoup moins de prise sur le parlement que son homologue français. Aux Etats-Unis, chaque chambre décide seule de son ordre du jour (et peut très bien ne jamais traiter le sujet climatique) et, surtout, les projets de loi sont faits par les parlementaires eux-mêmes, et non par l’exécutif comme en France, où cela confie de fait un pouvoir central à l’hôte de l’Elysée. Ajoutons à cela qu’aux Etats-Unis les textes doivent être votés dans les mêmes termes dans les deux chambres (aucune n’est prééminente), que la notion de décret n’existe pas (la loi contient toutes ses modalités d’application, raison pour laquelle elle fait parfois 1.000 pages), ou encore que l’opposition peut faire traîner les débats de mille et une manières, et l’on comprend qu’il y a loin de la coupe aux lèvres. Reste l’arme réglementaire, directement à la main du président via l’agence de l’environnement (EPA). Elle est puissante : en limitant à 450 grammes de CO par kilowattheure les émissions des nouvelles centrales électriques, l’EPA a de fait interdit qu’elles utilisent du charbon. Obama pourrait s’en servir pour limiter la consommation des voitures, ce qui serait une petite révolution aux Etats-Unis. Mais la réglementation seule ne fera jamais un programme large, cohérent et enthousiasmant. Or c’est bien de cela que nous avons besoin.
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