America Develops a New Policy of Innovation

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Les Etats-Unis préparent une nouvelle politique d’innovation

Les Etats-Unis se sont toujours posés en défenseurs du marché libre et de la non intervention étatique. La réorganisation de l’activité mondiale et les subventions massives accordées par les pays émergents à leurs activités industrielles innovantes sont en train de modifier cette attitude. A la demande du Congrès, les Comités adhoc des Académies élaborent progressivement une nouvelle doctrine pragmatique qui cherche à associer le libéralisme entrepreneurial qui a fait le succès de la Silicon Valley et de la Route 128 à un interventionnisme stratégique proche des pratiques européennes pour les programmes technologiques à long terme ou simplement défensif contre la concurrence déloyale

Un passé très évolutif

L’innovation aux Etats-Unis prend sa source dans une tradition historique forte de recherche de productivité que l’on voit démarrer dès le XVIII° siècle. L’innovation américaine prend naissance au XIX° avec des innovateurs comme Mac Cormick, Edison et Bell et se fonde sur un entrepreneuriat dynamique. Au XX° siècle, l’Etat commence une politique interventionnisme avec la création de la NACA en 1915 et surtout avec la guerre et l’organisation mise en place par Vanevaar Bush, le fondateur de Raytheon devenu conseiller du Président Rossevelt. Cette première politique qui va durer encore, est fondée sur un partage des tâches entre l’administration centrale qui finance et dirige la recherche fondamentale tandis que les grands industriels développent les applications. En outre l’administration développe une politique d’achat public destiné à financer les programmes trop lourds comme dans l’aéronautique.

A la fin des années 50, la nécessité de stimuler l’entreprenariat apparaît en marge des actions du SBA créé en 1952 et l’administration créée les SBIC qui financent indifféremment les nouvelles entreprises qu’elles soient innovantes ou non. Cette politique va stimuler profondément la création d’entreprises innovantes aux Etats-Unis. Mais cela ne suffira pas à faire face au dumping technico-monétaire de l’industrie électronique japonaise et au début des années 80, ils élaborent une réponse structurante d’accélération du transfert des technologies dans le cadre du Bayh-Dole Act et d’autres Lois (SBIR-STTR) incitant notamment à la recherche coopérative comme c’est le cas dans la micro-électronique avec SEMATECH. Cette politique sera complétée par la réévaluation du Yen de 1987 (dont la parité avait été définie par Mac Arthur en 1945).

Cette nouvelle politique a enregistré les succès que l’on sait mais se trouve maintenant en difficulté face aux nouveaux pays émergents : les quatre Dragons, les BRICS et quelques autres provoquent une forte détérioration de la balance des paiements y compris des produits qualifiés de « technologiques ». C’est pourquoi, au milieu des années 2000, le Congrès a demandé aux Académies américaines de formuler des recommandations qui puissent servir de base à une nouvelle politique d’innovation et de développement des activités industrielles de pointe. Un premier rapport est élaboré par le National Research Council : « Rising over the gathering storm », suivi d’une série de rapports et de colloques coordonnés par Charles Wessner permettant d’élaborer les bases d’une nouvelle politique d’innovation pour les années à venir.

Vers le consensus

La lecture de ces rapports et les Lois adoptées depuis deux ans environ, montrent que les Etats-Unis sont en train de trouver les bases d’un consensus en quatre points :

– La nécessité de développer une politique globale d’innovation.

– La définition d’un rôle de référence pour chacun des acteurs : l’Etat fédéral pour la recherche & les grands programmes ; les Etats pour la formation et les clusters ; les grandes entreprises pour l’innovation incrémentale ; les PME & start-up pour l’innovation libre.

– La définition des règles de fonctionnement face aux pays concurrents, fondées sur la volonté de rétablir une concurrence loyale.

– L’entrepreneuriat et un marché concurrentiel interne ouvert aux innovations en restent les présupposés et pourraient justifier des mesures spécifiques.

Cette nouvelle vision commune servira de fondement à la politique de l’Etat fédéral et des Etats locaux, et de cadre aux autres acteurs. Cette lente élaboration du consensus depuis dix ans en fait sa force et prépare un bel avenir à l’innovation américaine. Elle pourrait être accompagnée d’un réajustement monétaire fort, comme ce fut le cas pour le Japon en 1987.

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