Quatre mois après la défaite sans appel des républicains à la présidentielle américaine, le parti, en mille morceaux, se cherche un sauveur pour réunifier le camp conservateur d’ici à 2016, et si possible sans recentrage politique. C’est le grand rendez-vous annuel des conservateurs, tout près de Washington, une conférence de trois jours où convergent gratin et militants de la droite américaine, la conférence “CPAC”.
Les “anciens” sont là. Sarah Palin, l’ancienne candidate à la vice-présidence en 2008, et Mitt Romney, candidat malheureux de 2012 – tous deux probablement invités par politesse. Mais c’est la nouvelle garde qui attire les foules dans l’immense salle de bal de l’hôtel Gaylord, où est installée la scène principale.
UN CONSERVATISME VERSION “GAGNANTE”
Jeudi, deux prétendants officieux à la Maison Blanche ont décliné leur vision du conservatisme version “gagnante”. Marco Rubio, un sénateur qui aura 45 ans en 2016 (deux ans de plus que John F. Kennedy à son élection en 1960), et qui présente l’avantage d’avoir des origines cubaines ; et Rand Paul, 50 ans, le passionné défenseur des libertés individuelles.
“L’ancien Parti républicain est rassis et couvert de mousse”, a lancé celui-ci, fils de Ron Paul, candidat à la primaire de 2012. “Notre message doit être large” et attirer des “millions d’Américains, jeunes et vieux, d’origine américaine ou étrangère, noirs, blancs et marron”.
Nul ne sait ce que recouvre exactement la catégorie “marron”, mais une chose est certaine : la notoriété de Rand Paul a bondi après sa prestation de 12 heures et 52 minutes, debout, dans l’hémicycle du Sénat pour protester contre l’opacité du programme de drones conduit par l’administration de Barack Obama.
Autre coqueluche du moment : Paul Ryan, 43 ans. Vendredi, le colistier de Mitt Romney en novembre a été accueilli par une standing ovation. Son fait d’armes ? L’élaboration à la Chambre des représentants d’un budget d’austérité 100 % conservateur, qui coupe des dizaines de milliards de dollars de programmes sociaux – ces bons alimentaires et cette assurance-maladie dont dépendent des millions de personnes à bas revenus, et de nombreux hispaniques, un électorat en croissance qui a voté pour Barack Obama à 71 %.
Marco Rubio est plus populaire encore. Hispanophone, les dirigeants du parti comptent sur lui pour ramener les électeurs latinos à droite. Mais ne lui parlez pas non plus de recentrage. “Nous n’avons pas besoin d’idée nouvelle. Il y a une idée, une idée nommée Amérique, et elle fonctionne encore”, a assuré Marco Rubio. Toute son ascension politique, depuis l’assemblée locale de Floride jusqu’au Sénat américain, repose sur ce message d’opportunités offertes à tout un chacun.
UN PROBLÈME DE REPRÉSENTATIVITÉ
Tous estiment que le parti souffre d’un problème de représentativité (aucun républicain noir ne siège à la Chambre des représentants, contre 42 démocrates) et de communication. Un double problème symbolisé par la sélection de Mitt Romney, un millionnaire blanc au passé de modéré, pour porter les couleurs du parti en novembre 2012.
Les “éléphants” du parti, peu intéressés par huit années supplémentaires dans l’opposition, sont aussi persuadés que c’est un conservatisme pur et dur qui convaincra les minorités. Mitch McConnell, élu en 1984 au Sénat et actuel chef de l’opposition dans la noble assemblée, félicitait ainsi vendredi Rand Paul (un élu anti-establishment qu’il a pourtant tenté de faire battre aux primaires de 2010) : le renouvellement “ne veut pas dire qu’il nous faut diluer nos principes”.
Leave a Reply
You must be logged in to post a comment.