America's Energy Independence: Economic and Geopolitical Consequences

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Le secteur énergétique des Etats-Unis connaît ces dernières années de profonds bouleversements susceptibles d’avoir d’importantes répercussions tant d’un point de vue économique que géopolitique. Au cours des 7 dernières années, les Etats-Unis ont en effet considérablement réduits leur niveau de dépendance vis-à vis du pétrole d’importation. L’Institut International des Etudes Stratégiques (« International Institute for Strategic Studies ») fait ainsi état d’une chute de 40% des importations américaines de pétrole étranger depuis le pic d’importation en 2006. Cette réduction des importations est la résultante d’une baisse de la demande intérieure couplée à une augmentation de la production des hydrocarbures sur le territoire national. En effet, les américains se sont engagés depuis quelques années dans un processus de diminution de la consommation des véhicules. Ils ont, dans le même temps, procédé à une augmentation de la production des hydrocarbures sur leur territoire grâce notamment au développement d’hydrocarbures non conventionnels tels que le pétrole et le gaz de schiste ou encore le pétrole léger issu des réservoirs imperméables qui furent longtemps considérés trop couteux et trop difficiles à extraire. Des eaux profondes du golfe du Mexique aux prairies du Dakota du Nord, de la Californie à la Pennsylvanie, le pays s’est couvert de forages pétroliers.

Depuis 2008, la production de pétrole des Etats-Unis a fortement augmenté. Selon le ministère américain de l’Energie, en février 2013, la production aurait dépassé les 7 millions de barils par jour, soit une hausse spectaculaire de 16% en un an. Les Etats-Unis connaissent la plus grosse augmentation de production de pétrole de tous les pays hors OPEP. En Alaska, le potentiel de forages en mer est estimé par l’Institut Américain d’Etudes Géologiques, à 40 milliards de barils de pétrole conventionnel. L’augmentation de la production est telle que l’Agence Internationale de l’Energie (IEA), dans son dernier rapport annuel (« World Energy Outlook »), paru le 12 novembre 2012 prévoit que les Etats-Unis deviendront entre 2017 et 2020 le premier producteur mondial de pétrole devant l’Arabie Saoudite. Les experts prédisent également qu’ils devraient être exportateurs net autour des années 2030. Au vu de ces pronostics, le pays devrait donc accéder au Graal de l’indépendance énergétique d’ici une dizaine d’années. L’autosuffisance énergétique annoncée de la première puissance mondiale aura sans nul doute des conséquences géopolitiques.

En premier lieu, la politique américaine au Proche et Moyen-Orient subira probablement quelques infléchissements stratégiques dans la mesure où le facteur « dépendance énergétique » ou plus précisément, « sécurisation des accès et de l’approvisionnement en énergie » deviendra moins sensible. A l’évidence, cela entraînera une redéfinition des objectifs nationaux américains. Jusqu’alors les Etats-Unis, qui étaient les plus grands importateurs de pétrole au monde, n’avaient pas hésité à déclencher ou favoriser des guerres ou conflits ouverts ou souterrains en Afrique, au Proche et Moyen-Orient ou en Amérique Latine, dans le but de sécuriser leur approvisionnement en énergie. Désormais bientôt autosuffisants, leur interventionnisme dans ces régions se fera en fonction de nouvelles considérations et notamment de celle liée à l’influence grandissante de la Chine. L’IEA prévoit que la Chine devrait être le premier importateur mondial de pétrole dès 2014 ou 2015. Pékin sera en conséquence amené à renforcer sa présence dans les régions riches en ressources pétrolières et aura donc à prendre des mesures sur le plan international pour assurer ses besoins en hydrocarbures. L’accès à ces ressources énergétiques est indispensable à la Chine pour soutenir, dans les années à venir, sa croissance économique. A défaut, elle risquerait de voir son niveau de croissance s’infléchir, du fait d’une absence d’approvisionnement suffisant. Aussi, pour ne pas laisser le monopole à l’Empire du Milieu, Washington devra s’assurer de la présence d’alliés à la tête de ces régions sensibles.

Les Etats-Unis devront également prendre en compte l’émergence actuelle d’une véritable révolution verte en Chine. Le pays apparaît désormais comme le leader des énergies propres, toutes catégories confondues. Il a en effet ces dernières années, largement investi dans les productions d’éoliennes, panneaux solaires ou encore batteries pour voitures électriques et ce, dans une optique de puissance face au géant américain. Or, l’administration américaine, en faisant le choix du développement prioritaire des énergies fossiles semble avoir laissé le champ libre à la Chine dans le domaine des énergies renouvelables. Ainsi, d’après les données de la Bloomberg New Energy Finance Data, les investissements américains dans le secteur des énergies propres ont reculés entre 2011 et 2012 (passant de 55,9% à 44,2%) tandis que les investissements chinois dans ce secteur ont largement progressé (passant de 47,4% en 2011 à 67,7% en 2012). Ainsi, pour ne pas se retrouver en reste, le président Obama a affirmé à l’occasion de son discours sur l’état de l’Union de février dernier que son pays compte poursuivre les efforts de recherche et développement dans le domaine des énergiers renouvelables.

Enfin, la signature récente d’un accord pour la construction d’un gazoduc irano-pakistanais ainsi que l’obtention par une société chinoise de la gestion du port de Gwadar sur la côte du Baloutchistan semblent marquer un rapprochement entre, d’une part le Pakistan, et d’autre part, l’Iran et la Chine. Par cet accord avec l’Iran, le Pakistan semble faire pencher le balancier vers l’Est alors qu’il était, jusqu’à encore récemment, le fer de lance de la politique américaine dans la guerre contre Al Qaida. Néanmoins, il semble aujourd’hui peu probable que le Pakistan maintienne, sur le long terme, cette orientation, dans la mesure où le Pakistan sunnite et l’Iran chiite risque de buter très vite sur des blocages idéologiques. L’accord irano-pakistanais n’est peut-être qu’un accord commercial (d’ailleurs pas encore complètement financé) qui a vocation à relancer l’économie pakistanaise en but à une stagnation inquiétante. La stagnation économique n’est jamais bonne quand on est entouré de pays en croissance (Inde) et le risque de frustration de la population n’est pas à exclure à court terme, ce qui engendrera probablement de nouveaux risques de déstabilisation politique. L’Inde, frère ennemi du Pakistan, comme les Etats-Unis, seront, à n’en pas douter, particulièrement attentif à ces développements qui, au-delà d’un intérêt purement commercial, semblent poser les jalons d’une assise chinoise de plus en plus prégnante dans la région.

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