Obama in Israel: The Near East Humbles the American President

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Obama en Israël: le Proche-orient a rendu modeste le président américain

Le président américain se rend ce mercredi en Israël pour la première fois depuis 2009. La relance du processus de paix avec les Palestiniens devrait être évoquée, même si une avancée significative semble peu probable.

L’un a largement remporté l’élection présidentielle, mais doit ménager sa base électorale en vue des combats parlementaires à venir; l’autre, maintenu au pouvoir par une courte majorité, cherche des alliances de circonstance pour former un gouvernement viable. Autant dire qu’il ne faut pas attendre d’audace, ni d’avancée significative, de la rencontre entre Barack Obama et Benyamin Netanyahou. Les deux hommes cherchent avant tout à éviter les erreurs ou les faux pas et ont désormais soin de ne pas se provoquer mutuellement (ce qui ne fut pas toujours le cas). La prudence diplomatique recommande de s’en tenir aux positions de principe, précédemment énoncées voire rabâchées, et d’évoquer plutôt les sujets d’inquiétude communs.

Pour ce qui est des questions récurrentes, la relance du processus de paix israélo-palestinien demeure au stade d’objectif (lointain). Le président démocrate ne peut y déroger, mais il n’a rien de nouveau à proposer. Obama, au cours de sa première visite officielle en Israël, se rend également en Cisjordanie, auprès de l’Autorité palestinienne, à Ramallah, ainsi qu’en Jordanie. Dont acte. A ceux qui lui reprochent d’avoir attendu son second mandat pour se rendre à Jérusalem, il peut répondre que George W. Bush, qui ne peut vraiment pas être suspecté d’avoir cherché à prendre ses distances avec Israël, n’avait effectué ce même voyage qu’au bout de sept ans de présidence. Il peut ajouter, sans mentir, qu’il a accru l’aide américaine à Israël et lui a donné accès aux technologies et aux matériels militaires les plus avancés.

A ceux qui, du côté palestinien, viennent lui rappeler ses bonnes paroles sur le gel nécessaire de la colonisation israélienne et le retour aux frontières de 1967, il offre l’illusion racornie d’un retour aux négociations de paix. Sur ce point, il renvoie les deux parties dos à dos: Netanyahou peut toujours se déclarer favorable à la reprise des pourparlers, sachant qu’il poursuit sans relâche la colonisation dans les territoires occupés et que l’arrêt immédiat de ces implantations est exigé comme un préalable par les Palestiniens -donc pas de dialogue possible. En renonçant à l’ambition pacificatrice qu’il avait affichée à la face du monde au lendemain de sa première élection, le président américain met fin aux grandes attentes. Obama II ne renie pas Obama I; il constate et assume son repli. On peut lui en faire le procès; on peut aussi le créditer d’un réalisme dû à la force des choses.

En tout état de cause, le Prix Nobel de la paix fait de nombreuses concessions à la modestie. Il y est aidé par la situation dramatique du Proche-Orient, région du monde où la permanence d’un conflit sans solution visible n’empêche en rien la survenue d’autres déflagrations, potentiellement encore plus destructrices. Une brûlure chasse l’autre dans l’ordre des urgences. La visite du président américain à Amman montre bien que les priorités stratégiques évoluent de façon inquiétante et que le soutien au roi Abdallah, précieux allié des Etats-Unis fragilisé par le flot croissant des réfugiés syriens, est pour l’heure plus vital que toute autre question. Les effets de ce contexte n’échappent ni à Obama, qui en profite pour tenter de sortir les Etats-Unis de l’impasse israélo-palestinienne, ni à Netanyahou, qui cherche à minorer la question palestinienne pour mettre en avant la menace iranienne et ses ramifications inquiétantes en Syrie. Résumons: Obama parlera de l’Iran (et de la Syrie) en Israël, de la Syrie (et de nouveau de l’Iran) en Jordanie. La question de l’Etat palestinien est en train de sortir, pas à pas, du champ historique.

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