Le chef de l’État américain tente de séduire un allié souvent difficile à manœuvrer.
Obama est arrivé mercredi en Israël pour une visite de trois jours conçue comme une grande opération de séduction. Le président américain semble décidé à gagner le cœur des Israéliens, pour mieux gérer sa relation avec un partenaire parfois difficile.
«C’est bon d’être de retour en Israël», a déclaré en hébreu Barack Obama dès son arrivée à l’aéroport Ben-Gourion. Il n’a cessé de répéter que sa visite n’était pas la première et que ce voyage officiel avait été précédé de séjours privés, comme pour effacer l’impression de distance laissée pendant son premier mandat. Au cours de sa tournée au Proche-Orient en 2009, les Israéliens avaient ressenti son discours du Caire comme un signe d’indifférence de la part du président américain.
Cravaté comme ses interlocuteurs d’un bleu ciel qui rappelait celui du drapeau israélien, Obama a déployé tout son charme devant le président Shimon Pérès et le premier ministre Benyamin Nétanyahou. Il a souligné la communauté de valeurs entre Israël et les États-Unis.
Divergences
«Je vois cette visite comme l’occasion de réaffirmer les liens indestructibles entre nos deux nations, et de reformuler l’engagement indéfectible des États-Unis à la sécurité d’Israël, a dit Obama. Nous sommes ensemble car nous partageons une même histoire: celle de patriotes déterminés à vivre libres.» Affirmant qu’il «est dans (l’)intérêt fondamental de sécurité (des États-Unis) de soutenir Israël», Obama a souligné combien «dans un Moyen-Orient instable et incertain, la nécessité de (leur)alliance(était) plus grande que jamais».
L’atmosphère tendue de ses rencontres précédentes avec Nétanyahou, au cours desquelles Obama avait du mal à cacher son irritation envers le premier ministre israélien, avait d’un seul coup disparu. Souriant, affable, Obama n’a eu de cesse de rassurer les Israéliens sur son amitié et son affection. Il a mentionné aussi souvent que possible le lien historique entre le peuple juif et la terre d’Israël, alors qu’il avait semblé, pendant son discours du Caire de 2009, considérer l’Holocauste comme la principale raison de la création de l’État juif. Obama s’est constamment adressé à Nétanyahou en l’appelant par son surnom, «Bibi». Mais en filigrane ont resurgi les divergences qui subsistent entre Israël et les États-Unis.
Israël ne délègue pas sa sécurité
À l’issue de leur long entretien, les sourires d’Obama et de Nétanyahou s’étaient un peu figés. Obama a répété qu’il était préférable de régler la question du nucléaire iranien par la négociation, «et il reste du temps pour cela», a-t-il précisé, tout en soulignant que «toutes les options sont sur la table». Quant à Nétanyahou, il a salué la détermination américaine sur ce dossier, mais a rappelé qu’Israël ne déléguerait jamais sa sécurité, «pas à son plus grand ami».
Parmi les autres sujets abordés entre Obama et ses interlocuteurs israéliens figure la Syrie. La pression des rebelles sur le régime Assad et les risques d’instabilité régionale inquiètent de plus en plus les Israéliens, qui craignent une dissémination d’armements stratégiques. La reprise des négociations avec les Palestiniens a aussi été évoquée. Nétanyahou a déclaré qu’«Israël était pleinement engagé pour la paix et une solution à deux États pour deux peuples». Obama, qui a admis que le dossier était difficile, a confirmé qu’il n’était pas venu proposer un plan de paix, mais écouter les deux parties, promettant d’aborder le sujet dans son grand discours de jeudi. Ces déclarations peuvent laisser espérer une reprise des pourparlers, au point mort depuis bientôt trois ans. Le secrétaire d’État John Kerry devrait rester après le départ d’Obama, et sa présence pourrait aider à remettre les négociations sur les rails.
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