Les sénateurs proposent de doubler le nombre de visas H1B. Réclamée par le secteur high-tech, la mesure suscite la colère des syndicats.
La high-tech américaine a des emplois à pourvoir, mais elle estime ne pas avoir les bons candidats pour les occuper. C’est pour répondre à sa demande que les huit sénateurs en charge d’inspirer la future réforme de l’immigration proposent de doubler le nombre de visas offerts aux diplômés étrangers. Ils devraient présenter un projet en ce sens dans les deux prochaines semaines. Les ingénieurs qui étudient dans les universités américaines se verraient offrir, quant à eux, un visa permanent, et non plus provisoire comme aujourd’hui (1 an). « Pour l’instant, nous accueillons les meilleurs étudiants du monde dans nos universités, puis nous leur demandons de rentrer chez eux. Cela n’a aucun sens », a reconnu récemment Barack Obama. Les filières scientifiques sont par ailleurs trop peu développées pour répondre à la demande des entreprises. Alors que la part des demandeurs d’emploi reste élevée dans le pays (7,7 %), celle des ingénieurs se situe à quelque 3 %, ce qui s’apparente à une situation de quasi-plein-emploi.
La difficulté des patrons américains à pourvoir leurs emplois scientifiques ne va pas s’arranger, si l’on en croit une étude publiée récemment par l’université de Georgetown : dans les dix ans qui viennent, ils devraient créer plus de 775.000 postes d’ingénieurs. Si la tendance actuelle se poursuit, seuls deux tiers d’entre eux pourront être occupés par des Américains.
Le recours aux ingénieurs étrangers reste, lui, strictement encadré : il n’est proposé que 65.000 visas « H1B » chaque année, un niveau que la Silicon Valley et les entreprises new-yorkaises jugent ridiculement bas. La limite n’a pas été relevée depuis 1990, alors que la croissance américaine a été multipliée par 3 depuis. L’Etat n’a toléré que deux exceptions, en 1999 et 2001, pour alimenter l’incroyable expansion du secteur high-tech. Mais le quota a été ramené depuis à son niveau d’il y a vingt ans. Avec la réforme à venir, le nombre de visas pourrait donc atteindre un niveau proche de 120.000.
Un lobbying très actif
La mesure est toutefois loin d’être adoptée. Elle doit encore passer le filtre du Congrès. Elle provoque la fureur des syndicats, qui estiment qu’elle ne s’appliquera qu’au détriment des Américains et tirera les salaires vers le bas. Accusant les parlementaires de se faire manipuler par Microsoft, Google et autres Yahoo!, ils rappellent que le lobby de la high-tech représente l’un des plus puissants du pays : avec quelque 132 millions de dollars dépensés l’an dernier, il s’agit même du quatrième plus actif à Washington.
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