Palestine: Fayyad’s Resignation, A Hard Blow for US

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Apprécié par les Occidentaux, le premier ministre palestinien avait réussi à remettre de l’ordre dans les finances de l’Autorité palestinienne, mais la vieille garde du Fatah ne l’avait jamais vraiment accepté.

Correspondant à Jérusalem

Mahmoud Abbas a finalement accepté la démission de son premier ministre, Salam Fayyad. Le président de l’Autorité palestinienne a reçu samedi Fayyad à la Mouqataa, à Ramallah, et l’a chargé d’expédier les affaires courantes en attendant que son successeur soit désigné. Cette démission intervient après une longue série de différends entre les deux hommes, sur fond de crise financière et morale de l’Autorité palestinienne.

Les relations entre Mahmoud Abbas et Salam Fayyad, longtemps partenaires à la tête du proto-État palestinien de Cisjordanie, s’étaient depuis longtemps dégradées. Ils s’étaient récemment opposés à propos de la démission du ministre des Finances, Nabil Qasis, acceptée par Fayyad contre l’avis d’Abbas.

Le départ de Fayyad intervient à un très mauvais moment pour les Américains, qui tentent, par l’intermédiaire du secrétaire d’État John Kerry, de relancer les négociations entre Israéliens et Palestiniens. Fayyad, ancien haut fonctionnaire du Fonds monétaire international, formé à l’Université américaine de Beyrouth et à l’Université du Texas, était vu à Washington et dans les capitales européennes comme un interlocuteur privilégié. Mais les pressions américaines sur Mahmoud Abbas pour qu’il refuse le départ de Fayyad ont peut-être eu l’effet inverse.

Rancune de la vieille garde du Fatah

Poli, presque effacé, pragmatique et efficace, Fayyad avait réussi l’exploit de transformer l’Autorité palestinienne héritée d’Arafat, minée par la gabegie et la corruption, en un gouvernement relativement bien géré. Depuis sa nomination en 2007, il s’était consacré à la mise en place d’institutions viables pour le futur État palestinien. Il avait notamment introduit un budget, et le paiement des fonctionnaires par virements bancaires plutôt que de la main à la main. Un diplomate français l’avait même comparé à un Raymond Barre palestinien.

Mais la popularité de Fayyad auprès des diplomates occidentaux et des institutions internationales lui a parallèlement valu une impopularité croissante du côté palestinien.

La vieille garde du Fatah, les compagnons historiques de Yasser Arafat, rentrés d’exil avec lui après les Accords d’Oslo, n’ont jamais pardonné à ce nouveau venu, qui n’avait pas participé aux combats de l’OLP, d’avoir mis fin à leur système de prébendes en les écartant du centre du pouvoir.

Symbole de la crise financière qui frappe l’Autorité palestinienne

Le Hamas, le mouvement islamiste rival, qui réclamait la démission de Fayyad comme condition à la réconciliation avec le Fatah, dénonçait depuis longtemps cet économiste comme un «laquais des Américains», chargé de la «politique de collaboration» avec Israël.

Pour l’opinion palestinienne enfin, Fayyad est devenu le symbole de la crise financière qui frappe l’Autorité palestinienne, depuis plusieurs mois en état de quasi-cessation de paiements, étranglée financièrement par la décision d’Israël de saisir les taxes collectées pour le compte des Palestiniens, mesure levée partiellement le mois dernier.

Salam Fayyad, quant à lui, évoquait depuis plusieurs mois comme son échec personnel celui de la politique qu’il mène depuis 2007: la coopération sécuritaire avec Israël n’a rien rapporté à l’Autorité palestinienne, alors que le Hamas rival obtenait la libération de plus d’un millier de prisonniers en échange du soldat Gilad Shalit. La colonisation israélienne a continué à grignoter la Cisjordanie et la création d’un État palestinien viable, à laquelle il s’était consacré, apparaît comme plus lointaine que jamais.

Parmi les noms évoqués pour succéder à Fayyad, figure celui de Mohammed Moustapha, directeur du Fonds d’investissement palestinien. Le nouveau premier ministre devrait être nommé d’ici à quinze jours.

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