Guns: The Political Fiasco

<--

Neuf Américains sur 10 sont favorables à un renforcement des contrôles sur les acheteurs d’armes à feu. Depuis l’horreur de Newtown, les fameux « background checks » sont perçus comme un moyen logique et simple d’empêcher un déséquilibré de faire ses emplettes dans une armurerie. Les élus du Congrès, en particulier les Sénateurs, vont-ils en tirer les conséquences démocratiques, au moment où Obama écume le pays pour appeler à des restrictions « de bon sens » ? Absolument pas.

13 Sénateurs républicains, dont le chef de la minorité de ce parti, ont même décidé de bloquer carrément le débat sous prétexte que ces contrôles pourraient nourrir un futur fichier national des porteurs d’armes, réputé attentatoire aux libertés constitutionnelles. En clair, vu la participation électorale indigente des Américains aux scrutins parlementaires, l’opinion d’une majorité d’électeurs pèse peu face à l’activisme d’une minorité d’extrémistes organisés et financés au niveau local par la NRA, ou simplement issus de la frange radicale du parti, très influente lors des élections primaires.

L’approche des élections de 2014 pousse aussi beaucoup de Démocrates à la prudence. En particulier les élus d’Etats de l’Ouest (comme Harry Reid, président démocrate du Sénat) et les membres de la Chambre des Représentants. La seule chance, pour les Démocrates, de regagner la majorité à la Chambre, est d’aller chasser dans des circonscriptions acquises jusqu’alors aux Républicains. D’où leur modération sur la question des armes à feu.

C’est ainsi que l’interdiction des armes d’assauts, les fameux fusils semi automatiques du genre utilisé à Newtown, est passée à la trappe le mois dernier. La complexité du texte, en particulier quant à la dénomination des « assault weapons », les pressions des industriels, pour lesquels ces joujoux semblables aux M16 militaires sont une vache à lait commerciale ; la NRA ont contribué à cette reculade politique effarante. Mais l’opinion ne s’est pas scandalisée. Elle est favorable, on le sait, aux contrôles sur les acheteurs, mais beaucoup moins (43% à peine) aux interdictions de vente d’armes. Faute d’y comprendre grand-chose, elle tend à faire confiance, sur ce point, aux proches de la NRA qui leur assurent qu’il suffirait d’appliquer mieux les lois déjà en vigueur. C’est faux, car ces lois sont des passoires presque comiques. Et peu importe. Si par miracle les Américains, passé le choc de Newtown, trouvaient vraiment à redire à la « gun culture » ambiante, il faudrait encore qu’ils se rendent aux urnes lors de scrutins parlementaires, et le fassent savoir par leur vote.

About this publication