In Middle East, Kerry Wary of Any Haste

<--

John Kerry veut y croire. Après une visite de trois jours en Israël et dans les Territoires palestiniens, le secrétaire d’État américain se dit convaincu qu’il existe une solution au conflit contemporain «le plus profond, le plus long, le plus compliqué et le plus frustrant».

«Je crois qu’on peut y arriver», a dit Kerry au personnel diplomatique américain à Jérusalem. «J’y crois vraiment ou alors je n’aurais pas accepté ce poste à la demande du président ; je ne serais pas revenu ici pour la énième fois en temps que sénateur, et pour la troisième fois comme secrétaire d’État». Après la visite officielle d’Obama, où le président américain est parvenu à rétablir des relations cordiales avec Nétanyahou et avec l’opinion israélienne, John Kerry est chargé de la partie plus ingrate: relancer le processus de paix interrompu depuis quatre ans. Avec une équipe de négociateurs renforcée, Kerry a prévu de se rendre régulièrement dans la région, au rythme de deux visites par mois.

Le nouveau plan américain est de transférer les pourparlers en Jordanie, et, plutôt que de laisser Israéliens et Palestiniens face-à-face, de mener les négociations à quatre en incluant les USA et les Jordaniens.

Pourtant, malgré ses rencontres avec Benyamin Nétanyahou et Mahmoud Abbas, qu’il a qualifiées de «très constructives», le secrétaire d’État américain en est encore à l’étape préliminaire. Il doit commencer par négocier pour ramener Israéliens et Palestiniens à la table des négociations.

Le président de l’Autorité palestinienne refuse toujours de reprendre les pourparlers sans un gel de la colonisation israélienne en Cisjordanie et à Jérusalem-Est – demande qu’il répète depuis quatre ans, et qui constitue l’un des principaux points de blocage.

Pour compliquer encore un peu plus la tâche de Kerry, Mahmoud Abbas demande aussi un geste significatif de bonne volonté de la part des Israéliens, comme la libération de prisonniers palestiniens, en particulier ceux emprisonnés depuis l’époque précédant les accords d’Oslo de 1993. Abbas a ajouté à ses requêtes que le gouvernement israélien produise une carte du territoire qu’il est prêt à céder à un futur État palestinien.

Les Israéliens refusent d’accéder à des demandes qu’ils qualifient de «préconditions». Tzipi Livni, ministre de la Justice, et chargée des pourparlers, avait été la seule à donner un signe de bonne volonté, en renonçant à exiger comme préalable aux négociations la reconnaissance d’Israël comme État juif, a été de son côté critiquée par plusieurs ministres.

La tâche de John Kerry n’est donc pas simple. Le secrétaire d’État américain, qui incarne la nouvelle approche moins frontale décidée par Obama, ne veut pas forcer la main des uns ou des autres. Il devrait plutôt tenter, selon l’analyse des diplomates, d’obtenir des engagements discrets, ou même secrets, de chaque partie: les Israéliens suspendraient sans l’annoncer les nouvelles constructions en dehors des grands blocs de colonies, et les Palestiniens s’abstiendraient en échange de nouvelles initiatives diplomatiques à l’ONU. «Il est plus important de bien faire que d’aller vite», a dit Kerry.

About this publication