Tall Talk and Puppet Shows

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John Kerry, fraîchement installé dans le bureau de Hillary Clinton, semble apprécier particulièrement le Proche-Orient où il y est retourné – dimanche – en l’espace de deux semaines. Cet activisme de M.Kerry augure-t-il bien du dossier palestinien qui n’a pas bougé depuis les «faux» accords d’Oslo de 1993? Du nouveau? Non, tempère et avertit le département d’Etat qui indique que le secrétaire d’Etat «n’apportait aucun plan de paix dans ses bagages». Ils nous en diront tant! Alors qu’est-ce qui fait courir M.Kerry, à part visiter cette belle région, berceau de la civilisation humaine?

En réalité, la question est mal posée, il ne fallait pas se demander qu’apporte, ou que va apporter M. Kerry dans ses bagages, mais bien, est-ce que Israël autorisera les Etats-Unis à aller plus loin que nécessaire? La réponse, on ne peut plus claire, est donc exprimée par le département d’Etat. John Kerry est venu les mains vides et ne propose aucune suggestion aux deux parties. En fait, outre l’absence de plan – qui pourrait déboucher sur un déblocage du processus de paix – la question est de savoir pourquoi les Etats-Unis ne veulent «plus» s’impliquer davantage, eux qui peuvent beaucoup – si effectivement telle était leur volonté – pour faire avancer la paix dans cette région.

Une première conclusion doit être tirée – quoique celle-ci n’est pas définitive – selon laquelle, Washington n’est pas autrement désireux de voir les choses aboutir rapidement, par son refus d’agir afin d’imposer de vraies négociations entre les deux parties. Sinon, comment comprendre que les Etats-Unis – sachant, pour l’avoir dénoncée par la bouche même du président Barack Obama lors de son premier mandat, que la colonisation reste et constitue l’obstacle majeur à une solution négociée – aient, du jour au lendemain, totalement renoncé à réclamer d’Israël l’arrêt de son expansion dans les territoires palestiniens occupés.

C’est là un fait concret qui nuance l’engagement américain envers la paix, et dit combien les Yankees ne feront rien qui puisse contrarier Israël et l’Aipac, le puissant lobby pro-israélien qui infiltre l’administration américaine. La manière même – peu glorieuse – avec laquelle Washington s’est désisté de son rôle dans le processus de paix, en dit long sur «l’indépendance» de la politique moyen-orientale américaine. Un domaine laissé en fait à la totale appréciation d’Israël et de l’Aipac, seuls habilités – il faut le dire – à formaliser la politique US sur la question palestinienne. Aussi, tout le reste n’est que du bluff, bavardage et théâtre d’ombres mal assumés par les dirigeants américains. Selon la porte-parole du département d’Etat, Victoria Noland, Kerry dira clairement «que les (deux) parties doivent vouloir revenir autour de la table» et que «des compromis et des sacrifices» devront être acceptés des deux côtés.

Tout cela est joliment enveloppé, quand, décrypté, on comprend que les Etats-Unis signifient aux Palestiniens de faire d’autres «sacrifices», c’est-à-dire, d’autres concessions en renonçant, notamment à leur exigence de gel total de la colonisation avant toute reprise des négociations stoppées en octobre 2010. Cela ne s’invente pas! Israël travaille désormais en accéléré à rendre utopique l’édification d’un Etat palestinien – avec l’accord tacite de Washington – à charge pour les Etats-Unis de faire gagner du temps à l’entité sioniste. Ce qui dénote la mauvaise foi des Etats-Unis qui se sont opposés avec Israël à l’accession de la Palestine aux Nations unies.

Pourtant, une Palestine reconnue mondialement, non seulement clarifiait la donne régionale, mais aussi mettait Israël face à ses responsabilités. Or, Israël ne veut ni de la paix ni d’un Etat palestinien à ses côtés. Dans le cas contraire, on l’aurait su! En fait, ce dossier sert d’abcès de fixation, Israël compliquant à dessein la donne proche-orientale en faisant obstacle à toute approche lucide et positive afin de parvenir à la paix pour la région, d’une part, à la sécurité pour la Palestine et Israël, d’autre part. Tant il est vrai que l’existence d’un Etat palestinien disposant de tous les attributs de la souveraineté garantirait la sécurité de l’Etat hébreu. Cela, les Etats-uniens le savent, qui ne jouent pas franc jeu. Aussi, on peut affirmer que le voyage du secrétaire d’Etat américain au Proche-Orient apparaît inutile, dès lors qu’il n’apporte pas de solution juste et équitable au déni de droit dont sont victimes les Palestiniens.

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