No-Drama Obama

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Dès les premières heures de son mandat, en 2009, ce président avait tenu à mériter son surnom de « No Drama Obama ». Sa Maison Blanche devait s’affranchir des scandales, des arguties d’antichambres et des manigances occultes de l’ère Bush. Or, on découvre aujourd’hui que cette présidence « normale » préservait cette apparence avant tout en tenant les médias à distance.

Faute d’avoir jamais pu entretenir un rapport simple et direct avec cette administration, la presse s’engouffre maintenant dans les brèches ouvertes par les coups de béliers républicains à l’occasion de trois polémiques édifiantes.

Il a fallu ainsi attendre prés de 9 mois, et des auditions tumultueuses au Congrès, pour que l’on prenne la mesure des zones d’ombres et des bévues entourant la mort de l’ambassadeur américain Christopher Stevens le 11 septembre dernier lors de l’attaque du consulat de Benghazi en Libye. Les propos-pour certains bouleversants- de diplomates longtemps contraints au silence confirment une grossière opération de « damage control » par le Département d’Etat et la Maison Blanche, visant à brouiller les pistes, cacher des manquements à la sécurité ou des failles du renseignement, peut-être excusables mais aggravés maintenant par le déni.

Politisée et certes nourrie de mauvaise foi, l’offensive républicaine sur ce sujet pourrait nuire gravement à l’image du second mandat d’Obama. Car elle s’accompagne d’autres bourdes désolantes.

Quelle paranoïa, quelle « bunker mentality » bureaucratique a pu conduire le ministère de la justice à obtenir, légalement, mais en secret, l’autorisation de fouiller les relevés téléphoniques de l’agence Associated Press pour trouver les coupables d’une fuite concernant un risque d’attentat terroriste fomenté au Yemen ? On ne pouvait imaginer pire insulte à la presse américaine, qui avait pourtant ménagé ce gouvernement depuis 4 ans.

Enfin, même quand elle semble de bonne foi, cette administration nourrit elle-même la crise de confiance par sa maladresse, comme le prouve un troisième cafouillage. Le fisc américain a bien infligé des contrôles à des associations à but politique liées au « Tea Party ». Mais hormis un abus visible dans l’Ohio, ces avanies ont été infligées aussi, dans les mêmes proportions, à des organisations pro démocrates. Depuis le bouleversement du financement des campagnes en 2010, le fisc est confronté à l’émergence d’une multitude de nouvelles organisations dont beaucoup ne peuvent en fait mériter l’exemption fiscale. Or Obama, avant d’avoir tous les éléments en main, a décrété « intolérable » ces abus infligés à ses ennemis politiques, battant sa coulpe, désavouant les fonctionnaires des impôts pour étouffer dans l’œuf une nouvelle polémique. Comment peut-il revenir en arrière maintenant, et nuancer l’affaire ?

Ces incidents rappellent les bourdes commises par l’administration Clinton avec la presse établie de Washington en 1993 et 1994. Elles avaient, elles, eu lieu au début de la présidence. Il en va différemment pour Obama, qui joue sa postérité devant l’opinion, clé des projets de réforme de son dernier mandat.

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