Le sort d’Al Assad, dans le «pack» de la solution politique en Syrie, est sujet à controverse.
Le secrétaire d’Etat américain, John Kerry, devait batailler dur, hier à Amman, pour rallier ses amis arabes et européens à sa feuille de route. Le sort d’Al Assad, dans le «pack» de la solution politique en Syrie, est sujet à controverse. Il est désormais évident que les Etats-Unis sont de moins en moins favorables à l’exigence du départ d’Al Assad compte tenu de la situation sur le terrain. S’il est vrai que Londres, Berlin, Paris, Doha et Riyad ne peuvent théoriquement rien refuser à l’oncle Sam, la partie s’annonce tout de même difficile.
Le ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague, n’a pas hésité, hier juste avant le début de la rencontre, à franchir la ligne rouge. «Le Royaume-Uni estime depuis longtemps qu’Al Assad doit partir et nous n’avons jamais pu envisager une solution impliquant son maintien» au pouvoir, a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse. Une façon de planter le décor et de donner le ton à une rencontre devant servir à accorder les violons avant la fameuse Conférence internationale sur la Syrie dite «Genève 2».
Pour M. Hague, la cause semble entendue. John Kerry, par contre, est beaucoup plus nuancé dans son discours. Non seulement il n’a pas évoqué le départ d’Al Assad comme condition sine qua non, mais il l’a même appelé, hier, à s’engager «en faveur de la paix» en Syrie peu avant le début d’une rencontre à Amman des Amis du peuple syrien. «Nous appelons le président Al Assad à montrer le même engagement en faveur de la paix dans son propre pays», a déclaré M. Kerry, lors d’une conférence de presse conjointe avec son homologue jordanien, Nasser Jawdeh.
Jamais avec Al Assad…
Un appel qui a dû sonner faux dans les oreilles des ministres des Affaires étrangères du Royaume-Uni, de France, du Qatar, de Jordanie, de Turquie et d’Arabie Saoudite.
Mais qu’importe, John Kerry semble vouloir dicter la nouvelle approche américaine sur la Syrie qui tienne compte des forces en présence sur le terrain, mais aussi des arguments développés par ses homologues russes sans lesquels aucun accord n’est possible. C’est dire toute la complexité du travail de Kerry qui, tout en partageant le souci de ses partenaires parmi les Amis de la Syrie, n’ignore pas que le soutien de la Russie est la clé de voûte du succès de toute initiative de paix.
Mais le secrétaire d’Etat américain a tracé une ligne rouge au régime de Damas. «Dans l’éventualité (…) où le régime Al Assad ne veut pas négocier de bonne foi sur la base (des conclusions du sommet) de Genève 1, nous évoquerons également notre soutien incessant et croissant à l’opposition, afin de leur permettre de continuer à se battre pour la liberté de leur pays», a-t-il averti.
Kerry, le cœur et la raison
C’est une véritable issue de secours qu’a offerte, hier, Kerry au régime Al Assad, l’invitant à montrer sa disponibilité à prendre part à la Conférence internationale sur la Syrie avec comme objectif un dialogue serein avec l’opposition pour trouver une solution politique à la crise. Mais avant d’en arriver là, John Kerry devrait d’abord convaincre ses pairs de le suivre. «Nous sommes déterminés à tenter, ce soir, de trouver les convergences dans les différentes approches, à trouver la convergence nécessaire pour faire appliquer Genève 1 (…) qui permettra au peuple syrien de choisir le futur de la Syrie», a-t-il déclaré.
Lui-même sait qu’il est difficile de sauver le soldat Al Assad. «Est-ce que quelqu’un qui est accusé d’avoir tiré des gaz contre son propre peuple, qui a tué plus de 70 000 personnes (…), utilisé des chars et des obus contre des femmes et des enfants (…), est-ce que cette personne peut être jugée légitime pour diriger un pays dans l’avenir ?» a-t-il lancé. «C’est le cœur du conflit et c’est pourquoi les discussions ne sont pas aisées», a-t-il ajouté. Mais la Russie ne l’entend pas de cette oreille.
Son chef de la diplomatie, Sergueï Lavrov, a salué hier la réaction «constructive» du régime de Damas à l’organisation d’une conférence de paix dite «Genève 2» en recevant, à Moscou, le vice-ministre syrien des Affaires étrangères, Fayçal Moqdad. «Nous apprécions la réaction constructive des dirigeants syriens à cette proposition et considérons que votre visite va permettre d’aborder des détails concrets», a déclaré M. Lavrov au début des entretiens. Il y a eu certes un accord russo-américain à Moscou, mais celui-ci ne tient qu’à un cheveu…
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