Obama Wants To Settle the Bush Years

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Les Américains sont-ils prêts à tourner la page du 11-Septembre ? Les Etats-Unis peuvent-ils solder les années Bush et mettre fin à la “guerre mondiale contre le terrorisme” ? Le président Obama l’a souhaité, dans un éloquent et important discours prononcé jeudi 23 mai devant la National Defense University. Pour lui, “cette guerre, comme toutes les guerres, doit prendre fin. C’est ce que l’Histoire nous conseille. C’est ce que notre démocratie exige”.

Ce discours est en lui-même un aveu d’échec : M. Obama avait déjà émis le désir d’en finir avec la stratégie antiterroriste de l’administration Bush-Cheney pendant sa première campagne électorale, en 2008. Au cours de son premier mandat, il a abandonné la rhétorique bushienne de la lutte antiterroriste, mais pas ses méthodes. Il n’a plus été question, dans le vocabulaire présidentiel américain, de “guerre globale contre la terreur” ni d'”islamo-fascistes”. Mais le président démocrate n’a pas réussi à tenir sa promesse de fermer le camp de Guantanamo, où 166 suspects sont toujours détenus sans jugement, dont une centaine sont en grève de la faim. Et les frappes menées à l’étranger par les drones pour liquider des cibles considérées comme une menace terroriste se sont multipliées, sous l’égide de la CIA.

Barack Obama a maintenant entamé son deuxième et dernier mandat à la Maison Blanche, celui au cours duquel il peut songer à l’empreinte qu’il veut laisser sur son pays, sans se préoccuper de sa réélection. Rebâtir l’image de la démocratie américaine dans le monde arabo-musulman, où elle a particulièrement souffert des abus de la guerre antiterroriste, est une mission que l’on ne peut que saluer.

Le chef de l’exécutif a donc exposé, dans ce discours, un réaménagement de l’arsenal de la lutte antiterroriste visant à le mettre plus en accord avec les valeurs américaines. Ce seront désormais les militaires, et non plus la CIA, qui décideront des frappes menées par les drones. Les critères de ces frappes et le choix des cibles seront plus strictement encadrés, de façon à permettre une meilleure supervision démocratique et à éviter au maximum les victimes civiles.

Il s’est aussi engagé – une nouvelle fois – à fermer la prison de Guantanamo. A cette fin, il a demandé au Congrès de lever les restrictions qui empêchent le transfèrement des 86 détenus jugés libérables et de l’aider à résoudre le casse-tête juridique créé par le statut des prisonniers et le recours à la torture pendant leurs interrogatoires.

En bon juriste, Barack Obama a parfaitement énoncé le défi que pose la permanence de la menace terroriste aux sociétés démocratiques : “trouver le bon équilibre entre les besoins de notre sécurité et la sauvegarde des libertés qui nous définissent”. Après les attentats du 11 septembre 2001, les Etats-Unis ont trop mis l’accent sur l’impératif sécuritaire. M. Obama veut faire revenir le balancier dans le sens des libertés. Il a raison, même si, comme souvent chez lui, son discours est resté très incantatoire.

En douze ans, la menace terroriste a évolué. Elle est moins massive, plus diffuse, mais fait néanmoins partie de notre quotidien. Et le récent scandale de la surveillance secrète de journalistes aux Etats-Unis montre à quel point “le bon équilibre” est difficile à maintenir. M. Obama n’a pas donné toutes les solutions, mais il a le mérite d’avoir pris les bons engagements.

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