John McCain in Syria

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John McCain en Syrie

A 76 ans, John McCain s’est rendu lundi en Syrie. Il a profité de la semaine de vacances du sénat pour aller voir lui-même sur le terrain, de l’autre côté de la frontière turque, où il a été accueilli par le général Salim Idriss (que les Américains considèrent comme l’opposant le plus fréquentable, quoique certains se méfient, à la lumière des désillusions subies avec Maliki ou Morsi, eux aussi formés aux Etats-Unis).

Le sénateur est la voix la plus éloquente en faveur d’une intervention plus décisive contre Assad. Non pas sous forme de “boots on the ground” (présence de soldats sur le terrain) mais sous forme d’aide ciblée.

– “Nous pourrions par exemple organiser une opération de grande échelle pour entraîner et armer des forces d’opposition bien sélectionnées, disait-il le 9 mai dans une intervention devant le Sénat. Nous pourrions utiliser nos capacités de frappes de précision pour viser l’aviation d’Assad et ses lanceurs de missiles SCUD au sol sans avoir à envoyer nos pilotes dans les mâchoires de la défense anti-aérienne syrienne. Des armes similaires pourraient être utilisées pour détruire certaines pièces d’artillerie et faire réfléchir les forces d’Assad sur l’opportunité de rester à leurs postes. Nous pourrions aussi utiliser les batteries de missiles Patriot en dehors de la Syrie pour aider à protéger certaines zones à l’intérieur des bombardements et des missiles d’Assad”.

Pour John McCain, ces actions ne mettraient pas fin au conflit. Mais elles donneraient à l’opposition modérée une meilleure chance pour réussir à marginaliser les jihadistes.

– “Plus nous attendons, plus la situation empire et plus elle sera difficile à affronter, ce que nous serons tôt ou tard obligés de faire”.

La pression est en train de monter doucement sur Barack Obama pour s’engager davantage. Le 21 mai, la commission des affaires étrangères a adopté un projet de loi soutenant la transition en Syrie (“Syria transition support act”). Pour la première fois, les parlementaires ont approuvé l’octroi d’une aide militaire directe – à des groupes qui seraient soigneusement choisis pour leur engagement à respecter les règles démocratiques.

Mais le texte spécifie qu’il n’autorise en rien une intervention militaire. Et s’il promet de débloquer 250 millions de dollars pour un « fonds de transition », il s’agit d’une somme qui avait déjà été budgétée ailleurs.

A défaut de le faire elle-même, l’administration Obama a tendance à encourager les Européens à lever leur embargo sur la livraison d’armes à l’opposition. C’est ce que le numéro 2 du département d’Etat Bill Burns a évoqué le 22 mai lorsqu’il a réuni les ambassadeurs des 27 pays de l’Union à Washington.

La livraison d’armes est une condition mise par le général Salim Idriss pour participer à la conférence de Genève. Dans une interview par téléphone avec David Ignatius du Washington Post, il a indiqué qu’il veut parvenir à un « équilibre militaire » avec les forces gouvernementales avant de négocier. Il réclame des équipements anti-chars et lance-missiles anti-aériens, mais a surtout besoin de munitions. L’avantage de la livraison de munitions: elles sont utilisées tout de suite. Il y a moins de chances de les voir se retourner contre les Occidentaux dans le futur, contrairement aux lance-missiles, la grande crainte des Américains.

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