Une couleuvre à la Maison Blanche
Il manquait encore une couleuvre à la tête de la “fosse aux serpents”, comme on appelle maintenant le Conseil de sécurité nationale, chargé de la politique étrangère et de défense américaine. Barack Obama est en train d’y remédier avec l’annonce ce mercredi de la nomination de Susan Rice (photo Reuters) au poste de conseillère à la sécurité nationale (l’annonce officielle n’est attendue qu’à 20 heures 15 heures de Paris ce mercredi, mais les porte-paroles de la Maison Blanche se sont chargés de l’ébruiter d’avance, comme ils le font souvent pour que le choc ne soit pas trop violent).
Barack Obama choisit là une proche, une des premières expertes de politique étrangère à avoir rejoint sa campagne en 2008, plutôt que celle d’Hillary Clinton. Beaucoup aux Etats-Unis persistent d’ailleurs à voir un biais racial dans leur proximité, Rice et Obama étant parmi les rares dirigeants américains de peau noire.
Le retour de Susan Rice à Washington était redouté par de nombreux diplomates américains, ou étrangers, qui n’apprécient pas toujours sa forte personnalité et son franc-parler. A l’ONU, où elle représentait l’administration Obama depuis 2009, Rice avait aussi atteint les limites de son pouvoir de persuasion, comme le rappelle encore cet article du Washington Post ce matin, décrivant ses échanges avec son homologue russe, le pas commode non plus Vitali Tchourkine. A Susan Rice lui demandant de ne pas bloquer une visite dans les camps de réfugiés syriens en Jordanie, Tchourkine lui a rétorqué que les Américains bloquent bien les visites en Palestine. Pour mémoire, Susan Rice est aussi la “diplomate” qui en décembre 2012 qualifiait les plans français au Mali de “merde”: c’était juste avant l’intervention militaire tricolore, que la diplomatie américaine, d’abord sceptique, a finalement dû défendre.
Susan Rice est bien sûr aussi une couleuvre pour les républicains, qui s’obstinent à s’indigner de ses “mensonges” après l’attaque du consulat de Benghazi: à la télévision cinq jours après l’assaut qui avait coûté la vie à quatre agents Américains, elle indiquait n’avoir pas d’information suggérant une attaque “préméditée”. Assurant tenir là leur “Watergate”, les républicains ont empêché sa nomination au poste de secrétaire d’Etat, mais ne devraient pas pouvoir bloquer son transfert à la Maison Blanche, qui ne requiert pas de confirmation du Sénat.
Les fans de Susan Rice n’ont plus qu’à se rassurer en lisant ce portrait de l’actuel détenteur du poste, Tom Donilon, dans Foreign Policy: on y apprend que le conseiller actuel d’Obama à la sécurité nationale a déjà habitué la “fosse aux serpents” à un rythme et des conditions de travail d’enfer…. Et tout cela pour des résultats géostratégiques qui laissent encore beaucoup à désirer.
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