Personne, ou presque, ne s’intéresse au remake des législatives dans la circonscription Etats-Unis/Canada, mais c’est un tort ! Le candidat socialiste Franck Scemama qui affronte le très sarkozyste Frédéric Lefebvre au deuxième tour était en campagne ce vendredi à Rockville, dans la banlieue de Washington, où il a attiré… quatre bienheureuses, Libération inclus. Tous ceux et celles qui ne sont pas venus, ou qui n’arrivent toujours pas à se passionner pour cette élection, ont raté un beau moment de franc-parler : expliquant la singularité de ces nouveaux « députés des Français de l’étranger », Franck Scemama a proposé de s’inspirer du modèle américain pour le mariage homosexuel dans toutes ses extensions (gestation pour autrui et procréation médicalement assistée), pour l’immigration (l’exemple américain ou canadien permettrait de mieux voir l’immigration comme une chance ou une nécessité) ou encore pour… les contrats de travail. « En France, le CDI devient une prison pour les salariés, explique-t-il. Il faut un CDI pour obtenir un logement ou un crédit… Du coup les salariés sont prêts à accepter n’importe quoi pour décrocher ce fameux CDI». L’exemple américain (où il n’y a pas besoin de limiter les salariés à des CDD puisqu’on peut pratiquement les virer du jour au lendemain), pourrait aussi apporter plus de souplesse en France, plaide Franck Scemama. « Ce que j’envisage, c’est un contrat de travail unique, qui deviendrait de plus en plus protecteur dans le temps (à mesure que le salarié gagnerait en ancienneté) » dit-il.
Veut-il vraiment perdre ces élections ? Après ces trois grenades dégoupillées en quelques minutes, on est forcé de lui poser la question. Mais non, répond-il toujours souriant, assurant qu’il pourrait même peut-être encore les gagner. Avec 25% des suffrages au premier tour, en ajoutant les 7% qui se sont portées sur le candidat vert, il n’avait que 7 points de retard sur le score de Corinne Narassiguin au premier tour de l’élection de 2012, calcule Franck Scemama. A la surprise générale, la socialiste Narassiguin l’avait ensuite emporté avec huit points d’avance sur Frédéric Lefebvre (54% contre 46%) au deuxième tour. En février dernier, avait eu pour tort d’utiliser un compte bancaire aux Etats-Unis pour y faire campagne…
Les Français d’Amérique ne voudront pas de Frédéric Lefebvre, un « parachuté » qui maîtrise à peine l’anglais et n’a pas fait l’expérience lui-même de l’expatriation, veulent encore espérer les socialistes. S’ils ont eu raison en juin dernier, la partie s’annonce autrement plus difficile cette fois-ci. L’ambiance n’est plus au « changement maintenant» promis par François Hollande, mais plutôt à la désillusion générale, Corinne Narassiguin a surpris certains de ses électeurs en paraissant mettre toute son énergie dans la législation sur le mariage homosexuel et son invalidation n’a pas fait très bon genre non plus. Les milliers de familles qui profitaient de la prise en charge des frais de scolarité dans les lycées français de l’étranger ont aussi en travers de la gorge la brusque suppression de la mesure, décidée par le gouvernement socialiste.
Au premier tour de cette élection, le seul gagnant a été l’abstention qui a atteint un record de 87% des inscrits). Le deuxième tour est déjà en cours pour le vote électronique (simple et pratique, c’est ici). Il s’achèvera aux urnes, samedi 8 juin.
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