Obama and Xi Seek Mutual Assurance

Published in Les Echos
(France) on 10 June 2013
by Dominique Moïsi (link to originallink to original)
Translated from by Michelle Boone. Edited by Kyrstie Lane.
The American and Chinese presidents, who recently met at Sunnylands, have more in common than they would like. They must both solve internal dysfunctions in their countries.

In 1972 there was the meeting between Richard Nixon and Mao Zedong, then again in 1979 between Jimmy Carter and Deng Xiaoping. Will the Sunnylands summit in California become another date that goes down in history? We will not know for at least another year. Beyond the symbols of amity, if not complicity, actions are required. We will only know with time whether or not China has modified its international behavior. Will China exercise more control over its cyberattacks, its protégés and, in particular, the nuclear program in North Korea?

It has been 41 years since 1972, when opening up to China was, for Richard Nixon’s America, a way of isolating the USSR as well as a means of ingloriously withdrawing from Vietnam.

In June of 2013 it’s no longer a question of the U.S. forcing China out of its isolation but rather of building a relationship based on mutual trust between the leaders of the two most prominent global economic powers. Contrary to Ronald Reagan, however, Barack Obama is a very “cerebral” president, the most intellectual since Wilson. We don’t really perceive Xi Jinping as Reagan viewed Gorbachev in his time: “a man we can have confidence in.” And is the new Chinese president really another Deng Xiaoping as the leaders of Beijing would have us believe?

Diplomacy is certainly, at least in part, a matter of personalities, but beyond these men and their mutual empathy, there are real issues. What is important today in Sino-American relations is to understand to what point the question of status matters between these two countries. On the one hand, there is China: a power that is slowly becoming again what it once was. On the other hand, there is the United States: a power that is not quite what it once was. For China, the youngest empire in the world must be treated as an equal to the most ancient empire still in existence in the world. For Americans, China has certainly become an indispensable regional power in Asia, but it is not yet a truly global power, unlike America. Alone in its power class, America is a legitimate Asian power, as it is still — marginally — a European power. Don’t China’s neighbors demand its presence in Asia?

Nothing irritates the United States more than China’s tendency to avoid its global responsibilities. “Don’t forget that we’re a developing power!” But when China becomes too involved in global affairs, the United States does not hesitate to remind it of its limitations.

In other words, because of the strength of its economic success, the historical presence of its civilization and its newfound confidence in itself in general, China expects to be treated as an absolute equal by Washington. And this at a time when America is only prepared to allow Beijing the status of "number two power" in the world. For the United States, to recognize China as an equal would effectively be to resign itself to accepting its relative decline. America is not politically, intellectually or even ideologically ready to do so. How could the premier democratic power in the world symbolically recognize as an equal a power that not only ignores democracy but the rule of law as well?

The Chinese have highlighted the shortcomings of Western democratic systems; they are about to be on the defensive. Would a Chinese scholar not summarize his country’s recent dilemma as the following: “If China does not seriously deal with corruption, the country is doomed.” But he would hasten to add: “If China seriously addresses corruption, the party is doomed.” This is the paradox of the meeting that just took place in somewhat artificial amity between Obama and Xi Jinping. The two leaders certainly need each other. Between them, they have to find new rules, which exclude the risk of unintended escalation and uncontrolled cyberattacks.

In reality, on either side the priorities are internal. What Beijing and Washington really expect from one another is the freedom to separately undertake indispensable internal reforms. Each would be willing to say to the other: "Let me devote myself to myself; I have so much to do.” And on that front, the two presidents have many commonalities that may be more negative than positive. The priority of the United States must be to find a remedy to the dysfunction of its democratic model; that of China is to gradually, but unavoidably, introduce the rule of law to its political and economic system. To achieve his goals, Obama must persuade. For Xi Jinping, on the other hand, it’s about restraining and thus making enemies within the small group of leaders who brought him to power. Obama and Xi Jinping may have more in common with each other than they would like.


Obama et Xi à la recherche d'une confiance réciproque

Les présidents américain et chinois, qui se sont rencontrés à Sunnylands, ont plus de choses en commun qu'ils ne le souhaiteraient. Tous les deux doivent résoudre les dysfonctionnements intérieurs de leur pays

Il y a eu 1972 et la rencontre entre Richard Nixon et Mao Tse Toung, puis 1979 et celle entre Jimmy Carter et Deng Xiaoping. Le sommet de Sunnylands, en Californie, entrera-t-il dans l'histoire comme une rencontre qui, lui aussi, fera date ? On ne le saura pas avant un an au moins. Au-delà des symboles de décontraction, sinon de complicité, il faut attendre les actes. C'est seulement avec le temps que l'on saura si la Chine a vraiment modifié son comportement international. Exercera-t-elle plus de contrôle sur elle-même en matière de cyberattaques, plus de contrôles sur ses protégés et sur le programme nucléaire de la Corée du Nord en particulier ?

Il y a quarante et un ans, en mai 1972, l'ouverture à la Chine était tout à la fois pour l'Amérique de Richard Nixon une manière d'isoler l'URSS et de faciliter son retrait sans gloire du Vietnam.

En juin 2013, il ne s'agit plus pour les Etats-Unis de sortir la Chine de son isolement, mais de bâtir une relation de confiance personnelle entre les dirigeants des deux premières puissances économiques mondiales. Mais, contrairement à Ronald Reagan, Barack Obama est un président très « cérébral », le plus intellectuel des présidents américains depuis Wilson. On ne le voit pas vraiment dire de Xi Jinping, comme Reagan le fit en son temps de Gorbatchev, « c'est un homme en qui je peux avoir confiance ». Et le nouveau président chinois est-il bien un nouveau Deng Xiaoping comme les dirigeants de Pékin veulent nous en convaincre ?

La diplomatie est certes, pour partie au moins, affaire de personnalités. Mais au-delà des hommes et de leurs empathie réciproque il y a des enjeux bien réels. Ce qui est important aujourd'hui dans la relation sino-américaine, c'est de comprendre à quel point les questions de statut sont centrales entre les pays. Il y a d'un côté la puissance qui lentement redevient ce qu'elle était - la Chine - et de l'autre celle qui n'est plus tout a fait ce qu'elle était - les Etats-Unis. Pour les Chinois, le plus jeune empire au monde se doit de traiter comme un égal le plus ancien empire au monde encore en existence. Pour les Américains, la Chine est certes devenue une puissance régionale incontournable en Asie, mais elle n'est pas encore une puissance vraiment mondiale, contrairement à l'Amérique. Seule dans sa catégorie de puissance, l'Amérique est de manière légitime une puissance asiatique, comme elle est encore (à la marge) une puissance européenne. Les voisins de la Chine ne demandent-ils pas avec insistance sa présence en Asie ?

Rien n'irrite plus l'Amérique que cette tendance chinoise à esquiver ses responsabilités mondiales : « N'oubliez pas que nous sommes une puissance en développement ! » Mais que la Chine s'engage avec trop d'insistance dans les affaires du monde, l'Amérique est toute prête à lui rappeler ses limites.

Autrement dit, la Chine, forte de ses succès économiques, de l'ancienneté de sa civilisation et plus globalement de sa confiance retrouvée en elle-même, entend être considérée par Washington comme une égale absolue. Et ce au moment même où l'Amérique est seulement prête à concéder à Pékin le statut de « numéro deux incontournable » dans le monde. En effet reconnaître la Chine comme un égal ce serait pour l'Amérique se résigner à accepter son déclin relatif. Elle n'y est pas prête, ni politiquement, ni intellectuellement, ni même idéologiquement. Comment la première puissance démocratique au monde pourrait-elle symboliquement reconnaître comme une égale une puissance qui ignore non seulement la démocratie, mais l'Etat de droit (« the rule of law ») ?

Les Chinois ont beau mettre en avant les dysfonctionnements des systèmes démocratiques occidentaux, ils sont sur ce point sur la défensive. Un intellectuel chinois ne résumait-il pas récemment en ces termes le dilemme de son pays : « Si la Chine ne s'attaque pas sérieusement à la corruption, la Chine est condamnée. » Mais il s'empressait d'ajouter : « Si la Chine s'attaque sérieusement à la corruption, le Parti est condamné. » C'est là tout le paradoxe de la rencontre qui vient d'avoir lieu, dans une décontraction un peu artificielle, entre Obama et Xi Jinping. Les deux dirigeants ont certes besoin l'un de l'autre. Ils doivent trouver entre eux de nouvelles règles du jeu, qui excluent les risques d'escalade involontaire et d'attaques cybernétiques incontrôlées.

Mais, en réalité, d'un côté comme de l'autre, les priorités sont internes. Ce que Pékin et Washington attendent vraiment l'un de l'autre, c'est le loisir d'effectuer chacun de leur côté les réformes internes indispensables. Chacun serait prêt à dire à l'autre : « Laisse-moi me consacrer à moi-même, j'ai tellement à faire. » Et, sur ce plan-là, les deux présidents, américain comme chinois, ont beaucoup de points communs qui sont peut-être plus négatifs que positifs. La priorité de l'Amérique devrait être de trouver des remèdes au dysfonctionnement de son modèle démocratique : celle de la Chine d'introduire progressivement mais inéluctablement l'Etat de droit dans le fonctionnement de son système politique et économique. Pour atteindre ses objectifs, Obama doit convaincre. Pour Xi Jinping, il s'agit en revanche de contraindre et donc de se faire des ennemis au sein du petit groupe de dirigeants qui l'ont amené au pouvoir. Obama et Xi Jingping ont peut-être plus en commun qu'ils ne le souhaiteraient l'un l'autre.
This post appeared on the front page as a direct link to the original article with the above link .

Hot this week

Switzerland: Ukraine Is No Longer a Priority for America: Trump Leaves the Country High and Dry

Japan: Reckless Government Usage of Military To Suppress Protests

Taiwan: After US Bombs Iranian Nuclear Facilities, Trump’s Credibility in Doubt

Cuba: The Middle East Is on Fire

Topics

Germany: Trump’s Opportunity in Iran

Canada: Elbows Down on the Digital Services Tax

Thailand: US-China Trade Truce Didn’t Solve Rare Earths Riddle

Ireland: The Irish Times View on Trump vs the Fed: Rocky Times Ahead

Cuba: The Middle East Is on Fire

Australia: Could Donald Trump’s Power Struggle with Federal Reserve Create Next Financial Crisis?

Taiwan: After US Bombs Iranian Nuclear Facilities, Trump’s Credibility in Doubt

Switzerland: Ukraine Is No Longer a Priority for America: Trump Leaves the Country High and Dry

Related Articles

France: Donald Trump’s Dangerous Game with the Federal Reserve

France: Trump Yet To Make Progress on Ukraine

France: Tariffs: The Risk of Uncontrollable Escalation

France: Donald Trump’s Laborious Diplomatic Debut

France: Trump’s Greenland Obsession