S’il a été l’un des seuls dirigeants réélus malgré la crise économique, c’est parce que ses compatriotes lui faisaient confiance. Quelle que soit leur opinion de sa politique, les Américains avaient plutôt une bonne opinion personnelle de Barack Obama.
La surveillance massive des communications mondiales par la National Security Agency (NSA), les poursuites contre les journalistes ou le ciblage des groupes Tea Party par les services des impôts ont érodé ce capital de sympathie (le taux de “likeability”, qui est l’un des critères prépondérants pour un homme politique, si on en croit les politologues).
En un seul mois, selon un sondage CNN publié lundi 17 juin, Barack Obama a vu son taux d’approbation chuter de huit points pour s’établir à 45 %, le score le plus bas depuis dix-huit mois.
Plus significatif encore : c’est chez les jeunes que Barack Obama perd le plus de terrain, avec – 17 points en un mois chez les moins de 30 ans ! Son taux d’approbation régresse à 48 %, la première fois qu’il tombe sous les 50 % dans cette catégorie.
Le nombre d’Américains qui le disent “honnête” a baissé de 9 points (à 49 %). Barack Obama paie l’impression de double langage et de dissimulation issu des dernières affaires. La confiance était son principal atout.
Six Américains sur dix désapprouvent la manière dont il a géré les révélations sur la surveillance des citoyens (même si, sur le programme lui-même, les Américains sont partagés, à en croire les premières enquêtes d’opinion publiées après la fuite à Hongkong d’Edward Snowden, le premier “dissident occidental”).
Dans la génération Facebook, la désaffection est spectaculaire. Elle s’accompagne d’une montée de l’hostilité envers l’autorité étatique.
60 % des 18-34 ans pensent que le gouvernement fédéral est devenu si puissant qu’il pose “une menace immédiate” aux droits et aux libertés des citoyens. Il s’agit pourtant de la génération qui ne cache rien à l’Internet.
Yes we scan
Le président “Yes we can” n’a manifestement pas réussi à convaincre le public. Avant de partir en Europe, il a donné une interview à Charlie Rose, l’animateur du show “intello” de PBS, qui a été diffusé lundi soir. Obama parle des écoutes de la NSA et de l’autorisation de livrer des armes à l’opposition syrienne, une autre décision qui passe mal (70 % des Américains sont contre, selon le Pew Research Center).
Sur la surveillance électronique, le président prend de haut les critiques. On lui a reproché d’être “un gauchiste invétéré”. On le “compare maintenant à Dick Cheney”, note-t-il (étonnant retour de l’ancien vice-président, soit dit en passant car Edward Snowden l’a aussi évoqué en assurant qu’être traité de traître par Dick Cheney est un “honneur”).
Barack Obama assure que sa préoccupation principale a toujours été de mettre en place un système possédant suffisamment de garde-fous. “J’ai mis en place une commission des libertés civiles et données privées composée de citoyens indépendants, dont des radicaux libertariens virulents”, rappelle-t-il en annonçant un vaste débat national. L’ennui c’est que la commission n’a pas encore été réunie, faute d’avoir tous ses membres…
Enfin, Barack Obama assure que ses compatriotes (ainsi que les Européens) doivent comprendre que tous ces programmes de surveillance ont permis de déjouer des attentats aux Etats-Unis et “ailleurs aussi”. Le chef du rensieignement, James Clapper, doit rendre public ces exemples, afin qu’il puissent être étudiés.
Et il le rappelle formellement : les Américains n’ont rien à craindre. “Si vous êtes Américain, alors la NSA n’écoute pas vos conversations téléphoniques et ne cible pas vos emails privés à moins d’un mandat judiciaire.”
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