Edited by Laurence Bouvard
Réussir sa sortie. Ce doit être l’obsession de Ben Bernanke, le président de la Réserve fédérale américaine, vers qui tous les regards de la planète financière se tournaient hier. La sortie, c’est celle de la politique monétaire ultra-accommodante – des taux d’intérêt maintenus à zéro et des milliards de dollars d’actifs rachetés chaque mois – menée depuis des mois pour soutenir l’économie et les marchés. Le patron de la Fed a continué à baliser le terrain hier. Mais la sortie, c’est aussi celle qui se profile pour Bernanke, dont le deuxième mandat s’achève dans sept mois. Si le patron de la Fed a fait un « boulot formidable », a reconnu Barack Obama, « il est déjà resté plus longtemps à ce poste qu’il ne le voulait et qu’il n’était supposé rester ». Etonnante affirmation, qui pose déjà la question de l’héritage que laissera Bernanke.
Car le bilan de ses deux prédécesseurs, autrefois adulés par Wall Street, a bien pâli. Paul Volcker a mis fin à l’ère de l’inflation galopante, mais au prix d’une récession sévère dans les années 1980. Alan Greenspan a relancé la croissance, mais fait le lit de la bulle du crédit qui explosa en 2007. Alors, quelle trace laissera Bernanke ? L’Histoire oubliera sans doute « le boulot formidable » réalisé après la faillite de Lehman Brothers, s’il rate cette fameuse sortie. Or l’exercice n’a jamais paru aussi périlleux, les enjeux aussi gigantesques. Pour les marchés, qui devront apprendre à vivre sans leurs perfusions mensuelles de liquidités. Pour l’économie américaine, qui devra encaisser en parallèle une probable remontée du dollar. Pour la Maison-Blanche, qui ne pourra plus compter sur la Fed pour financer les déficits à bon compte. Et, au-delà de l’héritage de Bernanke, c’est la crédibilité de la première des banques centrales qui sera mise en jeu dans les mois qui viennent. Autrement dit son principal actif.
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