Uncle Sam Has Been Very, Very Bad

Edited by Anita Dixon

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L’Oncle Sam se comporte très, très mal

C’est une pratique des services secrets : entre amis, on “échange des informations” au moins autant qu’on se “surveille”. Un peu naïvement, la vice-présidente de la Commission européenne et commissaire à la justice, Viviane Reding, a assuré, dimanche 30 juin, “qu’entre amis, on ne s’espionnait pas”…

Pour autant, les informations que révèle Der Spiegel – que personne, à Washington, n’a démenties – sont graves. Selon l’hebdomadaire allemand, dont la source est sans doute l’ancien agent des services de renseignement américainEdward Snowden, en fuite en Russie, bloqué à l’aéroport de Moscou, PRISM, le programme d’espionnage de l’Agence de sécurité nationale américaine (NSA), visait aussi l’Union européenne (UE).

Ses représentations à Washington et à New York ont été truffées de micros et ses réseaux informatiques infiltrés. Pire, les Européens sont désignés dans ces documents comme “des cibles à attaquer”, une désignation incompréhensible pour des alliés. Toujours selon ces documents, l’Allemagne fait l’objet d’attentions particulières, avec 500 millions de connexions téléphoniques et Internet enregistrées chaque mois.

Plusieurs dirigeants européens, dont les Français, indignés, exigent des explications. Les autorités américaines ont fait savoir qu’elles répondraient “de façon appropriée” à l’UE, par la voie diplomatique. Cela ne suffit pas.

Empêtrée depuis un mois dans des révélations en cascade sur l’étendue de ses programmes de surveillance électronique, l’administration Obama doit, une fois pour toutes, dire la vérité non seulement à ses concitoyens, mais aussi à ses alliés. Les Européens sont plus attachés à la protection des données privées que les Américains. Ils sont d’autant plus sensibles à cette agression commise par des services de renseignement d’un pays censé les protéger.

Mme Reding a d’autant plus de raisons de protester qu’elle a dû accepter, sous la pression des géants de la Silicon Valley, une dilution de la législation européenne sur la protection des données privées. Cette question est l’un des points litigieux des négociations sur un traité de libre- échange entre l’UE et les Etats-Unis qui s’ouvrent la semaine prochaine.

Les Etats-Unis ont accepté, depuis le 11 septembre 2001, une expansion de leur politique sécuritaire qui paraît aujourd’hui totalement incontrôlée et contraire à leurs propres valeurs. Considéré par certains comme un traître, M. Snowden a en fait rendu un grand service à son pays en révélant l’ampleur des excès de cettepolitique.

Intégré à nos vies, l’univers numérique les expose en permanence à l’ingérence des gouvernants et des géants de l’Internet. Visiblement, les agences américaines en profitent au maximum. On aimerait être sûrs que nos services secrets ne font pas de même chez nous.

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