Trayvon Martin: Far from Rodney King

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Benjamin Jealous, le président de la NAACP (National Association for the Advancement of colored people), l’association historique de défense des “gens de couleur”, s’est déclaré “fier de la discipline” manifestée par la jeunesse noire, après l’acquittement de George Zimmerman pour le meurtre de Trayvon Martin en février 2012 en Floride. Une retenue contrastant avec les émeutes de Los Angeles en 1992, après l’acquittement des policiers blancs qui avaient roué coup le jeune Rodney King, une scène capturée par une video amateur qui a fait le tour du monde.

“Il n’y a pas eu de violences”, a-t-il souligné dimanche sur CNN. “J’ai le regret de dire que ma propre génération n’avait pas montré autant de discipline quand nous avons eu le coeur brisé par le verdict dans l’affaire Rodney King”. Les débordements de Los Angeles avaient fait 50 morts.

“Nous devrions célébrer le fait que nous avons vu une génération de jeunes gens répondre en utilisant notre système; en élevant la voix, oui, mais sans utiliser leurs poings”, a ajouté le dirigeant de la NAACP.

Les forces de l’ordre craignaient le pire. Les média annonçaient des émeutes raciales. Rien de tel n’est arrivé. A part à Oakland, Californie, où quelques drapeaux américains ont été brûlés, et New York, dimanche soir, quand Occupy Wall Street s’est glissé dans le mouvement, l’immédiat après-procès n’a pas dérapé. Les manifestations ont été pacifiques, aux chants de “no justice no peace” (“pas de paix sans justice”).

L’Amérique a évolué. “N’est-ce pas une forme de racisme que de croire que les Noirs vont tout casser” après un verdict qui ne leur plait pas ? a protesté un internaute sur Twitter.

Argument partagé par Tyrone Williams, un proche de la famille de Trayvon Martin, interrogé par CNN à l’église familiale baptiste de Miami Gardens. “Ce sont des stéréotypes. Il faut arrêter de mettre les gens dans des boîtes”.

Par rapport aux années 90, ce n’est pas la rage d’une communauté qui s’est exprimée, mais l’incompréhension, le choc, et l’indignation de millions d’Américains, toutes origines confondues. Dans les églises, pas seulement afro-américaines, les fidèles sont venus dimanche 14 juillet en “hoodies”, le sweat-shirt à capuche devenu symbole du fardeau des jeunes Noirs.

Cinquante ans après la marche de Martin Luther King sur Washington, sa fille Bernice a appelé au respect le plus absolu du principe de non violence. “C’est de nouveau 1963”, a-t-elle écrit sur Facebook. En 2′ heures, le poster signé Nikkolas Smith, du révérend encapuchonné, est devenu iconique.

Loin des jeunes des ghettos de 1992, ce sont les célébrités qui se sont fait entendre. Beyoncé, qui donnait un concert à Nashville, a fait observer une minute de silence. Miley Cyrus, Rihanna, Nicki Minaj, ont tweeté leur désapprobation. Leur collègue Kate Perry a repris un message de Ronan Farrow, le fils de Mia Farrow et Woody Allen, ex-chargé de la jeunesse au département d’Etat de Hillary Clinton: “La justice américaine ne fait pas attention à la couleur de peau… Pour autant que vous soyez Blanc”.

Les dérapages ont été contrôlés. Sur Twitter, le fil ≠killgeorgezimmerman, incitant à “tuer George Zimmerman”, s’est rempli de propositions mais même là, la contradiction a été rapidement apportée au motif que “deux erreurs ne font pas une idée juste”.

Victor Cruz, le joueur de football américain des New York Giants s’est laissé emporter: Zimmerman ne “survivra pas un an avant que le quartier ne le rattrape”, a-t-il prophétisé. Dès le matin, il s’est excusé.

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