No Vacation for Troubled Obama

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Le président traverse une mauvaise passe depuis le début de son second mandat, et ses efforts estivaux ne portent aucun fruit.

Barack Obama n’était pas d’humeur badine en célébrant dimanche à Camp David (Maryland) ses 52 ans en compagnie de sa femme, Michelle, qui moquait tendrement «les cheveux un peu plus gris» de son mari. Le président américain pourrait chercher longtemps, en effet, les motifs de satisfaction, tant le bilan est sombre depuis son investiture le 20 janvier dernier. Le printemps a été gâché par une série de déboires que ses conseillers ont fini par rebaptiser «Scandalabra», quand le chef de l’État fondait de grands espoirs sur un second mandat sous le signe du rachat.

L’énumération des «fléaux», qui se sont abattus sur le président américain est édifiante: le drame de Benghazi, l’échec de la loi sur le contrôle des armes à feu, le scandale «Fast and Furious», du nom d’une sombre opération bâclée contre les trafics à la frontière mexicaine, l’usage excessif de drones tueurs contre des suspects islamistes dans le monde, les écoutes de la NSA et le catastrophique grand déballage d’Edward Snowden chez les rivaux chinois et russes d’une Amérique sur la défensive.

Cette litanie de désastres ne serait pas complète sans mentionner les dures joutes fédérales à venir cet automne. D’épais nuages s’amoncellent à l’horizon d’une rentrée parlementaire qui s’annonce à tout le moins pénible. L’opposition républicaine, très remontée contre un président jugé plus autoritaire et distant que jamais, s’apprête à lui livrer une bataille féroce au Congrès. Et les cibles ne manquent pas: outre les dossiers évoqués plus haut, un bras de fer sans merci s’annonce autour du relèvement du plafond de la dette et du budget fédéral. Le Parti républicain, en outre, a juré de tailler en pièces la loi sur l’assurance-maladie et le projet de loi sur la légalisation massive des immigrés clandestins latinos.

Pis, l’incessant blocage bipartisan pollue l’atmosphère sur la colline du Capitole. À couteaux tirés, élus démocrates et républicains continuent de paralyser la machine législative. La seule fois où les deux camps ont paru esquisser un rapprochement? Le 31 juillet, lorsque le sénateur de l’Arizona John McCain, ancien rival d’Obama à la présidentielle de 2008, a ouvert la mauvaise porte dans les couloirs du capitole, pour tomber nez à nez sur le chef de l’État, en pleine réunion avec tous les leaders démocrates.

L’anecdote prêterait à sourire si la scène politique fédérale n’était autant sinistrée. Malgré les promesses faites durant la campagne, le président a replongé dans ses travers partisans et éprouve toujours autant de difficultés à franchir le fossé idéologique le séparant des élus républicains, depuis une épreuve de force stérile avec le speaker de la Chambre des représentants, John Boehner, sur la dette en 2011.

À l’orée de l’été, la Maison-Blanche a donc décidé de contre-attaquer, les «spins doctors» (communicants) du président redoutant qu’il ne soit déjà trop tard pour redresser un second mandat plombé au-delà du raisonnable. Afin d’enrayer l’hémorragie, un plan d’attaque estampillé «Grand Bargain» pour la classe moyenne et censé frapper les esprits, à l’instar du New Deal de Roosevelt, devait déplacer le curseur du «Scandalabra» en martelant le credo présidentiel, «emplois, classe moyenne, croissance», à travers une série de discours mémorables, théoriquement ciselés pour galvaniser les foules. Sillonnant l’Amérique profonde, Obama entend à la fois rassurer cette classe moyenne qui ne voit toujours pas le bout du tunnel depuis la crise en 2008 et la mobiliser contre l’obstructionnisme parlementaire des républicains, qualifié de systématique.

La ficelle est connue. Et la mèche tarde à prendre, tant les premiers discours prononcés dans l’Illinois, le Missouri, en Floride et dans le Tennessee sentent le «réchauffé», avec des propositions rebattues de réduction des taxes professionnelles et d’incitation à l’embauche.

Au point que l’offensive de charme présidentielle, qui se poursuit cette semaine en Californie – avec au passage une (rare) apparition télévisée chez l’humoriste Jay Leno -, semble avoir fait long feu. À défaut de drainer les foules, elle fait la délectation du camp républicain, ravi de fustiger un Obama isolé dans sa tour d’ivoire, champion de la rhétorique, qui parle mais ne fait rien. Le porte-parole de Boehner, Brendan Buck, a publié deux tweets ravageurs résumant le champ de ruines qu’est la politique d’«Obama 2». «Nous avons entendu parler de ce “Grand Bargain” via le fil d’agence d’AP (Associated Press), écrit-il. J’aurais aimé me trouver à la réunion de la Maison-Blanche lorsque quelqu’un a suggéré de faire un package comprenant tout ce à quoi les républicains sont opposés.» Pour un Barack Obama grisonnant et toujours aussi maladroit dans la quête de compromis, la lumière au bout du tunnel semble inexorablement s’éloigner.

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