On ne peut pas prendre à la légère ces menaces terroristes qui ont poussé les Occidentaux, et d’abord les Américains, à évacuer nombre de leurs ambassades au Moyen-Orient et en Afrique, notamment au Yémen. L’histoire est pleine de ces attentats qui auraient pu être déjoués et qui, pour des raisons diverses (manque de vigilance, guerre interservices, mauvaise interprétation des données), ne l’ont pas été. La prudence s’impose, évidemment. Mais on peut se demander aussi à qui ces alertes profitent le plus. A Al-Qaeda, que l’on dit en perte de vitesse et qui trouve le moyen d’exister à peu de frais ? Ou aux Américains qui, accusés par Edward Snowden d’espionner la terre entière, voient là une façon de justifier leurs systèmes d’écoutes ? Une certitude : ces menaces interviennent alors que les attaques de drones américains s’intensifient sur le Yémen. Avec celle d’hier, qui a pulvérisé sept militants d’Al-Qaeda, ces offensives ont fait au total 24 morts depuis le 28 juillet dans la région de Sanaa. S’il est légitime de vouloir mettre hors d’état de nuire des jihadistes prêts à tout, le drone est la pire arme qui soit. Piloté depuis le confort de bases en Virginie, il tue sans jugement ni préavis, à la manière d’exécutions extrajudiciaires. Or, «en imposant une terreur indiscriminée, les drones alimentent paradoxalement la menace que l’on prétend éradiquer», expliquait il y a peu dans ces pages le philosophe Grégoire Chamayou. On peut donc s’interroger sur le succès de la doctrine antiterroriste d’Obama, dont le drone est l’instrument par excellence. Si, il a gagné sur un point : cet avion sans pilote permet de tuer plutôt que de capturer. Pratique pour éviter de repeupler Guantánamo.
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