Edited by Eva Langman
Les États-Unis pourraient revoir leur aide annuelle de 1,55 milliard de dollars à l’Égypte. Ce soutien, essentiellement militaire, représente des intérêts stratégiques et économiques forts.
Washington a fermement condamné jeudi le violent démantèlement des campements des militants pro-Morsi par l’armée. En conséquence, les États-Unis ont annulé les manœuvres militaires conjointes avec l’Égypte prévues en septembre. Mais aujourd’hui, ce sont les 1,55 milliard de dollars de financements américains qui pourraient être remis en cause. Avec 71,6 milliards de dollars reçus entre 1948 et 2011, l’Égypte en est le deuxième bénéficiaire, après Israël. Cette aide est importante pour des raisons stratégiques: maintenir l’accès maritime américain au canal de Suez, maintenir le traité de paix israélo-égyptien de 1979 et promouvoir la démocratie et la croissance économique dans le plus grand pays arabe de la région, selon le rapport «Egypt: background and US relations» publié le 19 juillet 2013. Mais elle représente également un intérêt économique, dans la mesure où elle se traduit essentiellement par des contrats d’armements avec des entreprises américaines.
Aide militaire:
C’est de loin la plus importante. Elle représente 1,3 milliard de dollars par an. Cette aide couvre 80% des dépenses d’équipements de l’armée égyptienne. Selon le rapport, 650 millions de dollars de l’Aide militaire étrangère (AME) ont déjà été versés à l’Égypte au 19 juillet 2013. Le département d’État affirme qu’il reste 584 millions de dollars d’AME qui n’ont pas encore été distribués.
L’AME versée à l’Égypte concerne essentiellement des contrats passés avec des industriels de la défense américains. C’est pourquoi Washington peut difficilement les couper sans pénaliser sa propre économie. Ils visent l’acquisition d’équipements, leur mise à niveau et des contrats de suivi ou la maintenance. La coproduction du char d’assaut M1A1 Abrams est l’une des pierres angulaires de l’AME versée à l’Égypte qui a prévu d’en acquérir 1200 au total. Une partie de ces tanks est produite aux États-Unis puis envoyée en Égypte pour être assemblée avec les pièces produites dans la banlieue du Caire. L’américain General Dynamics of Sterling Heights est le maître d’ouvrage de ce contrat. En 2010, les États-Unis ont également vendu 20 avions de combat type F-16 C/D Lockeed Martin pour 2,5 milliards de dollars. Huit ont déjà été livrés en janvier 2013, quatre en août et les huit restants étaient censés être livrés d’ici à décembre 2013.
L’AME se traduit également par le financement de la coopération militaire. Une coopération mise à mal par la répression des pro-Morsi, Barack Obama ayant annoncé hier la fin de manœuvres militaires conjointes avec l’Égypte. L’accord prévoit normalement la formation des officiers égyptiens afin de faciliter les opérations communes. L’Égypte bénéficie également d’une partie de l’équipement de défense excédentaire américain et de facilités de paiement qui lui permettent de négocier de très gros contrats avec les fournisseurs américains. Le pays est tenu de mettre de côté les fonds de l’AME pour les dépenses de l’année en cours seulement, plutôt que la totalité du montant nécessaire à des achats qui s’étalent sur plusieurs années.
Aide économique:
En quinze ans, l’aide économique américaine a été divisée par trois, à 250 millions d’euros par an. Cette somme n’a pas encore été versée cette année. Depuis la révolution de février 2011, les débats sur la teneur voire la poursuite de ces aides font rage au Congrès. Les restrictions budgétaires, l’incertitude sur les intentions de l’armée ou des Frères musulmans, les craintes concernant la transition démocratique du pays et le respect du traité de paix signé avec Israël en 1979 sont les raisons invoquées. A la destitution du président Morsi par l’armée en juillet dernier, Barack Obama a déjà ordonné une réévaluation de leur programme d’aide.
Lors d’un discours prononcé en mai 2009, Barack Obama a détaillé un plan de soutien aux pays arabes traversant une transition politique. Il prévoyait un programme d’allégement de dette bilatérale portant sur un milliard de dollars, plus un prêt d’un milliard garanti par l’État américain pour financer l’économie égyptienne. L’argent devait être alloué aux infrastructures, à la création d’emplois et à la mise en place d’un fonds d’investissement dans les petites et moyennes entreprises.
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