Edited by Kyrstie Lane
Il n’a pas fallu deux mois pour voir tomber à l’eau le projet de sommet entre les présidents Obama et Poutine. Prévue début septembre à Moscou, la rencontre officielle avait été annoncée en marge du sommet du G8 tenu à la mi-juin à Enniskillen, en Irlande du Nord, au terme d’un long tête-à-tête entre les deux présidents, le premier depuis un an, déjà tendu à l’extrême.
Ce spectaculaire coup de froid dans la relation entre les Etats-Unis et la Russie sonne le glas du « reset » du dialogue entre les deux puissances. La rupture, dont on ne sait pas combien de temps elle durera, a tout lieu d’inquiéter. Elle signale aussi l’exaspération grandissante des Etats-Unis face au régime Poutine, et singulièrement sa détermination à soutenir coûte que coûte le tyran de Damas, Bachar el-Assad, s’assurant ainsi un puissant levier d’influence dans cette région stratégique. L’asile accordé par la Russie au « traître Snowden » est la goutte qui a fait déborder le vase : Barack Obama, régulièrement accusé de pusillanimité par ses adversaires politiques, ne pouvait qu’afficher sa colère et annuler la rencontre – du jamais vu, côté américain, depuis la fin de la guerre froide.
Les relations entre Moscou et Washington avaient été pourtant « remises à zéro » au début du premier mandat du président démocrate. En mars 2009, la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton et son homologue russe Sergueï Lavrov appuyaient symboliquement sur le bouton du « reset ». Barack Obama enfonçait le clou de la détente peu après, lors d’une rencontre avec son alter ego russe de l’époque, Dmitri Medvedev. Un an plus tard, les deux « blocs » convenaient de réduire d’un cran leurs dangereux stocks d’armes nucléaires. D’autres marques de réchauffement allaient suivre, tranchant avec les poussées d’unilatéralisme du président Bush – sa guerre en Irak, son bouclier antimissiles en Pologne, etc. – et l’extrême tension militaire qui avait culminé lors de la guerre éclair menée par Moscou en Géorgie, il y a juste cinq ans.
Le fracas de l’annulation de la rencontre ne signifie toutefois pas un retour à la case « guerre froide » : le spectre de l’Apocalypse atomique n’est heureusement plus à l’ordre du jour ! Mais le reste du monde n’a aucun intérêt à voir ces deux géants rivaux s’enfoncer dans une confrontation stérile. La sécurité globale, la résolution de nombreux conflits, les défis des crises économiques, climatiques, énergétiques ou encore du sous-développement nécessitent au contraire d’emprunter la voie de la coopération.
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