Haunted by the Potential Lack of Action from Congress, the Administration Picks Up the Pace

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Le suspense reste lourd à Washington sur la manière dont le Congrès tranchera le dilemme cornélien que lui a soumis Obama, qui joue sa présidence sur l’affaire syrienne.

Frapper ou ne pas frapper? Le débat bat son plein dans une ville transformée en cocotte minute, où les avis s’entrechoquent et s’accumulent, sans qu’une image claire et convaincante de ce qu’il faut faire n’émerge vraiment. Sur les ondes de télévision, de radio, à travers l’Internet, experts, politiques et militaires pèsent les risques d’agir ou de s’abstenir.

Au Congrès, les élus qui sont déjà rentrés de vacances, se rendent dans les briefings classifiés défense, organisés par la Maison Blanche, qui a monté une opération de lobbying tous azimuts pour tenter de convaincre les élus de soutenir ses projets d’action armée limitée au nom du droit international et de la morale. John Kerry a passé toute la semaine sur la colline, pour répondre à leurs inquiétudes, en compagnie du secrétaire à la défense Chuck Hagel et du chef d’Etat major Martin Dempsey.

Depuis St Pétersbourg, un Obama aux traits tirés communique lui aussi sans arrêt, donnant des coups de fil aux élus malgré le décalage horaire, quand il n’est pas en train de convaincre les dirigeants étrangers et les journalistes du bien fondé de sa position. Il a reconnu aujourd’hui en conférence de presse que le boulot “était dur”. “Les gens sont inquiets de la pente glissante” que représenterait une intervention, et s’interrogent sur son efficacité”, a-t-il dit.

“Il a l’air un peu misérable”, lâche une reporter de CNN. “Sans doute parce qu’il n’est pas à l’aise avec le rôle dans lequel il se retrouve”, réplique la présentatrice de la chaîne, rappelant qu'”Obama se voyait comme l’homme du retrait ordonné d’Irak et d’Afghanistan et de la renaissance intérieure américaine, le fameux nation building ” à la maison”.

L’inquiétude sur l’issue d’un vote est si grande, que le président a annulé son voyage en Californie et annoncé qu’il s’adresserait ce mardi à la nation pour lui demander de le suivre. Les conjectures vont bon train sur ce que pourrait être le calendrier des prochains jours. Certains affirment que le Sénat pourrait voter dès lundi, et la Chambre dès mardi, car “plus le temps passe plus les réticences augmentent”, note John Gizzi, journaliste au journal conservateur Newsmax, qui parie sur un succès du oui, avec une faible marge. “Quand je compte les voix des tea Party libertariens et de la gauche anti guerre, je ne vois pas de majorité contre le président”, dit-il. Gizzi affirme que l’opération de lobbying menée par Kerry est très organisée et “convaincante”. D’autres observateurs sont beaucoup plus dubitatifs. La pression des électeurs sur leurs élus pour qu’ils votent non est apparemment colossale.

Beaucoup d’élus ont raconté ces derniers jours avoir reçu des centaines et des centaines d’appels à ne pas s’engager. “Franchement, a dit Nancy Pelosi, la chef de la minorité démocrate à la Chambre, je suis pour l’intervention car il y va de la crédibilité de l’Amérique et des principes du droit international, on ne peut laisser gazer des enfants, mais mes électeurs sont contre, massivement”. Cela pourrait décourager plus d’un Congressman, note le journaliste David Harrison, qui écrit pour Roll Call, le journal de la Colline. Il raconte “l’hésitation” qu’il ressent dans les couloirs du Congrès. “Ce qui est fou, dit-il, c’est que nous en soyons à nous demander si le président va avoir ce vote ou non. C’est grave. C’est son autorité et celle de l’Amérique qui est en jeu, il faut espérer que les élus de la Chambre s’en souviendront même s’ils ont une profonde détestation d’Obama”.

“S’il échoue à obtenir un vote, sa présidence est finie”, renchérit un observateur, qui n’y croit pas. Les conseillers d’Obama ont apparemment tenté de le dissuader d’aller au Congrès, quand il les a consultés sur ce point, soulignant qu’il avait 30% de chances d’essuyer un refus. Sur CNN, une journaliste accréditée au Congrès vient d’annoncer qu’un petit groupe de démocrates était en train de concocter une initiative sur un appel à Assad pour qu’il adhère, dans les 45 jours, à la convention sur l’interdiction d’utilisation des armes chimiques qu’il n’a jamais signée. Une manière de gagner du temps et d’éviter pour Obama l’affront d’un échec au Congrès, a expliqué la journaliste. Le détail en dit long sur la gesticulation qui prévaut et les multiples scénarios qui commencent d’être envisagés. Ce qui est sûr c’est que le vote au Sénat va être crucial. Si c’est un oui, disent certains, Obama pourrait même décider de se passer de l’aval de la Chambre.

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