'These Tragedies Must End'

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“Ces tragédies doivent cesser”

Par Karim MOHSEN – Jeudi 19 Septembre 2013 – Lu 583 fois

Ce sont ces mots, «These tragedies must end» que, bouleversé, le président américain, Barack Obama, exprima à la suite du massacre de Newport qui a fait 27 morts le 17 décembre 2012 à l’école de Sandy Hook. L’un des drames de son mandat, mais qui n’était ni le premier ni l’ultime dans un pays où le «colt» est «déifié». C’est tellement vrai que c’en est un blasphème, ne serait-ce que d’évoquer la réforme du «sacro-saint» deuxième amendement qui donne le droit à chaque citoyen américain de se défendre. Mais ce que les médias du Nouveau Monde appellent les «tueries de masse» est un phénomène qui doit, sans doute, avoir une explication. Quoique ayant défrayé la chronique dans les années 1980, les fusillades suivies de massacres étaient plutôt rares, sinon exceptionnelles, avant qu’elles ne prennent une expansion exponentielle une décennie plus tard et surtout au début du troisième millénaire. Il y en a eu, rien que pour les Etats-Unis, une dizaine de ces carnages – plus ou moins tragiques – par an. Sans les citer tous, on peut rappeler les «tueries de masse» les plus sanglantes de Red Lake, Newton, Newport, Northern, Fort Hood, ou celui du Collège de Columbine (auquel nombre de livres et de films ont été consacrés, notamment l’émouvant film Bowling for Columbine de Michael Moore, qui obtint la Palme d’or au Festival de Cannes en 2002). Celui de Washington qui eut lieu lundi matin au bureau de la Marine américaine – à quelque pas de la Maison-Blanche – et induisit la mort de 13 personnes ne fait que confirmer la tendance. En fait, les psychologues et psychia-tres se perdent en conjectures et ne s’expliquent pas le pourquoi de ce phénomène qui voit des individus – en général solitaires – tirer sur la foule, occasionnant des dizaines de morts. Cette propension à se «défouler» en tuant autrui, est-ce le propre des sociétés hyperdéveloppées comme le sont les Etats-Unis et l’Europe – où ces fait ont pris de l’essor, comme en témoigne le cas Merah en France en 2011, ou celui d’Anders Breivik qui, le 22 juillet 2011, a tué 93 jeunes sur l’île d’Utoya en Norvège et d’autres similaires dans plusieurs pays de l’Union européenne.- ou un cas spécifique à un pays qui a fait de la possession des armes un droit sacro-saint? Difficile d’y répondre, mais il n’en reste pas moins que ce fait incrusté dans la tradition américaine – héritage des «pionniers de l’Ouest» dont le compagnon fidèle était leur revolver – fait partie en fait de la culture même du peuple américain. En témoigne le rejet par la Cour d’appel des Etats-Unis de l’interdiction décidée par les autorités de l’Illinois du port d’armes dissimulées. Expliquant sa décision, le juge Posner a insisté sur le fait que «le droit au port d’arme implique le droit de porter une arme chargée hors de chez soi». Evidemment, en référence au Deuxième amendement de la Constitution américaine – promulgué le 15 décembre 1791, appelé aussi «Déclaration des Droits» (Bill of Rights) – qui garantit le droit pour les citoyens de porter sur eux leurs armes. En fait, aucun président américain n’ose s’attaquer à cet additif pour maintes raisons et notamment politiques. En effet, quel candidat à la députation, au Sénat et singulièrement à la Maison-Blanche, risquerait d’affronter le National Rifle Association, puissant lobby de la promotion des armes à feu, qui fut dirigé, jusqu’à sa maladie, par la star et légende du cinéma américain, Charlton Heston. Aussi, toutes les tentatives d’aborder la question de réforme du Deuxième amendement ont-elles été mort-nées. Pas plus Obama – nonobstant sa condamnation de ces crimes – que ses prédécesseurs n’ont pu, ne serait-ce qu’esquisser une ombre de projet de réforme sans susciter une levée de boucliers. Les présidents américains, et même le Congrès, sont en réalité impuissants face à un système qui broie tout ce qui lui résiste. Ce n’est pas seulement le Deuxième amendement auquel il fallait s’attaquer, mais c’est le système américain tel qu’il existe actuellement, qui permet ces dépassements. Les fameux «Cheks and Balances» qui personnifient le système américain et garantissent l’équilibre entre les institutions de la Fédération US, sont là pour veiller à l’orthodoxie qui fait la spécificité américaine. Et le président américain – hier comme aujourd’hui – n’est pas Mao Zedong qui pouvait ordonner une Révolution culturelle. Et c’est tant mieux! Il reste que les tueries qui ont marqué les Etats-Unis ces dernières années, dont les auteurs sont généralement des adolescents – à l’exception de celles de Fort Hood, commises par un major de l’armée et celle de lundi dernier, du fait d’un ancien marine – ne s’expliquent pas et certes pas par le fait de vouloir «exister» comme le soutiennent certains psychologues. Les guerres que les Etats-Unis mènent dans le monde semblent être une autre explication plausible au phénomène de jeunes adolescents en mal d’exploits. C’est cela l’Amérique faite de sang et de violence.

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