Shutdown: Complete PoliticalDeadlock in Washington

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La réunion des leaders du Congrès avec le président Barack Obama hier soir n’a rien donné. Ce dernier a annulé une visite prévue le 11 octobre en Malaisie et une autre aux Philippines.

Plus de 800.000 fonctionnaires fédéraux américains entament ce jeudi matin leur troisième journée consécutive de congés forcés sans salaire. Le dialogue de sourds entre républicains et démocrates continue. La réunion des leaders du Congrès avec le président Obama hier soir n’a rien donné. Au contraire.

Les républicains demandent toujours des aménagements dans la mise en œuvre de la réforme de la santé, dite «Obamacare». En échange, ils seront prêts à voter un budget pour financer le gouvernement fédéral jusqu’à la mi-décembre. De leur côté les démocrates refusent de discuter de quoi que ce soit tant qu’une mini-loi de finance ne sera pas votée afin de rouvrir toutes les agences gouvernementales. Ce préalable d’un retour au fonctionnement normal de l’État avant toute discussion est écarté par les républicains, sous la pression de leur aile droite.

Le ton entre les deux camps est plus glacé que jamais. Après plus d’une heure de discussion à huis clos dans le Bureau ovale, John Boehner, le leader de la majorité républicaine de la Chambre des représentants, est sorti, la mine sombre. «Le président a répété une fois de plus qu’il ne négocierait pas. Tout ce que nous demandons est qu’il y ait une discussion et que l’on traite le peuple américain de manière juste dans le cadre de la réforme Obamacare», a déclaré avant de s’engouffrer dans sa voiture ce député de l’Ohio, troisième personnage de l’État en tant que président de la Chambre basse.

Peu après, le leader de la majorité démocrate du Sénat, Harry Reid, a été à peine plus bavard mais tout aussi ferme sur ses positions. «Nous en avons assez de jouer à ces petits jeux» a-t-il expliqué. Il considère, comme Barack Obama, qu’une quarantaine de représentants républicains du Tea Party imposent à John Boehner une prise d’otage de 800.000 fonctionnaires pour extorquer une rançon sous la forme du report de la réforme de la santé.

Barack Obama a préféré rester invisible et silencieux au terme de cette réunion. Il avait préalablement prévenu qu’il n’invitait pas les leaders du Congrès à la Maison-Blanche «pour négocier». Plus tôt dans la journée, il avait reçu les patrons des plus grandes banques du pays. Ces derniers, au sortir de leur entretien, ont souligné la gravité de la situation. Ils déplorent naturellement la suspension d’une grande partie des services publics fédéraux. Mais surtout, ils s’alarment de voir que la dispute sur le budget et «Obamacare» est en train de déborder sur la question gravissime mais distincte du relèvement du plafond de la dette publique.

Si le Congrès ne vote pas d’ici au 17 octobre pour majorer ce plafond, le Trésor américain ne pourra plus emprunter les sommes nécessaires au remboursement de ses dettes. L’Oncle Sam se trouverait alors en situation invraisemblable et catastrophique de défaut. «Il n’y a pas d’ambiguïté là-dessus: la perspective que les États-Unis ne payent pas leurs dettes est la chose la plus sérieuse», a déploré Brian Moynihan, le patron de Bank of America, deuxième banque des États-Unis.

La crise politique et l’absence de réelles négociations entre les deux camps est telle que Barack Obama a annulé une partie de son voyage en Asie prévu à partir de samedi. Il est même possible qu’il y renonce totalement.

Généralement, les présidents américains cherchent toujours à rassurer les marchés. Mais Barack Obama, hier, a délibérément adopté l’attitude inverse, comme dans l’espoir qu’une chute de Wall Street force les républicains à prendre au sérieux ses mises en garde sur la gravité de toute remise en cause de la capacité des États-Unis à payer leurs dettes. «Oui je pense que Wall Street devrait être inquiet… lorsque vous avez une situation dans laquelle une faction politique est potentiellement prête à laisser l’Amérique tomber en défaut, eh bien oui, nous sommes dans une situation grave», a déclaré le président américain dans la matinée à la chaîne financière CNBC.

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