Obama, Rouhani and the Challenging Handshake

Edited by Kyrstie Lane

 

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Pour expliquer hier la rencontre manquée entre Barack Obama et Hassan Rohani, les conseillers du président américains ont mis en avant les contraintes de la politique intérieure iranienne.

– “C’était trop compliqué” pour eux, a expliqué un haut responsable de l’administration avec commisération. “Les Iraniens ont une dynamique interne dont ils doivent s’accommoder”.

On pourrait en dire autant côté américain. Le grand ennemi d’un éventuel début de détente entre les deux pays a toujours été la présence de part et d’autre de néoconservateurs -ou ultra-bien décidés à empêcher tout compromis qui serait forcément dans la zone grise.

Au lendemain de la poignée de mains manquée entre les deux dirigeants, le ton du Wall Street Journal et de son alter ego du pauvre, le New York Post, illustre à quel point la Maison Blanche est elle aussi sur la corde raide, dès qu’il s’agit de l’Iran.

L’éditorial du quotidien financier voit une “humiliation diplomatique” dans le fait que les Iraniens se soient dérobés à la poignée de mains (le journal ne dit pas que les Iraniens voulaient une vraie rencontre et que les Américains n’ont proposé qu’un bavardage de quelques minutes).

Le New York Post estime même que Barack Obama a été “snobé trois fois” par les Iraniens : Rohani a refusé la poignée de mains symbolique; il a boycotté le déjeuner à l’ONU, et il n’a pas assisté au discours du président américain.

Sous un jeu de mot typique du tabloid (persian mug, en référence à “persian rug”, le tapis persan), le Post présente Barack Obama un verre d’eau à la main. Celui que le président américain a brandi lorsqu’il a porté le traditionnel toast en l’honneur des Nations Unies. Une manifestation de considération, peut-être, pour les Iraniens qui dénoncent régulièrement le fait que de l’alcool soit servi au déjeuner annuel du secrétaire général…

Côté américain, la gestion de la poignée de mains a été acrobatique. Après avoir dans un premier temps exclu une rencontre sans un geste fort des Iraniens, les responsables Américains ont essayé quelques heures avant les discours d’organiser une photo-op pour ne pas avoir l’air d’être ceux qui fermaient la porte.

Les Iraniens ayant refusé, Barack Obama a tenu un discours ouvert mais ferme. Hassan Rouhani ne s’est pas présenté au déjeuner. L’après-midi, son discours a été du même ordre: conciliant mais revendicatif. Et ce n’est que dans son interview à CNN qu’il a tourné la page Ahmadinejad et reconnu l’Holocauste, non pas devant l’assistance traditionnellement très anti-israélienne de l’assemblée générale de l’ONU.

Reste à savoir pourquoi les Américains ont fait savoir qu’ils étaient demandeurs de la rencontre et qu’ils avaient été jusqu’à la proposer par des contacts directs avec les Iraniens, au risque de se voir reprocher d’avoir été “humiliés”…

Mais, comme l’a assuré un haut responsable, anticipant probablement les critiques des “néo-cons”, l’attitude de la Maison Blanche, ouverte à la négociation, a en fait constitué “une manifestation de force”, alors que les Iraniens, ces mauviettes, ont fait la preuve qu’ils étaient “ceux qui étaient mal à l’aise” et n’arrivaient pas à gérer “leurs complexités domestiques”…

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