In New York, Bloomberg Gives Up His Throne

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«Roi» de la ville depuis douze ans, le maire sortant pourrait rebondir en politique au niveau national.

Michael Bloomberg le jurerait presque, la main sur le cœur: le 1er janvier prochain, après la cérémonie d’investiture de son successeur à la mairie de New York, rien ne l’empêchera de partir en vacances «pour la première fois depuis douze ans». Au programme, du golf, à Hawaï puis en Nouvelle-Zélande. Peu importent les innombrables sollicitations politiques pour l’hyperactif milliardaire élu à la mairie de New York en février 2002, et réélu deux fois depuis.

Pressenti pour un destin national, autant admiré que haï pour ses franches prises de position sur les armes à feu et la réforme de l’éducation, le «roi Mike», à 71 ans, semble sincère dans son intention de s’éloigner de la scène publique – du moins pour le moment. Il a surtout démontré ce qu’un homme immensément riche – 31 milliards de dollars de trésorerie selon le magazine Forbes – peut faire à la tête d’une mégapole telle que New York: ce qu’il veut, ou presque, sans risquer la moindre compromission. «Il fut le premier empereur-maire, opine l’un de ses détracteurs J. Justin Wilson, du Center for Consumer Freedom, un think-tank industriel. Il pensait pouvoir tout acheter avec son argent, mais ce n’est pas ainsi que l’on rallie les gens à sa cause.» Des causes, justement, Bloomberg en aura promu en grand nombre. Avec des victoires, comme sa législation sur le port des armes à feu, assurément la plus sévère des États-Unis ; ou bien la réforme de l’éducation, chantier immense et inachevé, ouvrant grandes les portes de la ville aux innovantes «écoles à charte» ; voire l’interdiction de fumer dans des lieux publics.

Un œil sur la Maison-Blanche?

Mais il y a eu aussi des échecs, cinglants. Comme sa tentative avortée d’interdire les boissons gazeuses à forte contenance, ces jarres d’un litre dont raffolent les Américains. «Juste avant de mourir, rappelez-vous que vous avez gagné trois années supplémentaires»,avait coutume de dire Bloomberg, au sujet de ses initiatives contre les sodas géants et les cigarettes. Retoquée par la justice, la mesure avait entraîné une levée de boucliers du secteur agroalimentaire et agacé l’homme de la rue.

Bloomberg aura échoué à assurer sa succession à la tête de «Big Apple»

Bloomberg aura également échoué à assurer sa succession à la tête de «Big Apple»: sa favorite, la conseillère municipale démocrate Christine Quinn, a totalement raté la marche, doublée par un illustre inconnu, Bill de Blasio, auquel la victoire finale semble promise mardi.

Bientôt libéré de tout mandat électif, Bloomberg peut-il longtemps rester loin des marches du pouvoir, à présent qu’il a contracté «le virus» de la politique, comme le dit Mort Zuckerman, patron du tabloïdNew York Daily News ? En coulisses, la «machine Mike» tourne à plein régime, via son super PAC (comité d’action politique) Independence USA, qui finance à coups de millions de dollars des campagnes politiques régionales axées sur le contrôle des armes et la réforme de l’éducation.

Avec un œil sur la Maison-Blanche? La question demeure taboue pour celui qui, repoussant les sirènes démocrates comme républicaines, pourrait se présenter à la tête d’un mouvement centriste construit autour de sa personne. Luxe immense, l’argent ne constituerait évidemment pas un problème. Seule manque encore la volonté. «Il ferait un formidable président, estime Harold Wolfson, conseiller proche et stratège politique d’obédience démocrate. Mais revenez nous reposer la question dans deux ans et demi.»

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