When Barack Obama Complains about the Government

<--

Dans l’extraordinaire mea culpa effectué hier par Barack Obama sur la “débâcle” de la réforme de la santé, un aspect a été peu souligné: l’explication donnée par le président aux ratés du site Healthcare.gov, censé aider les Américains à souscrire une nouvelle police d’assurance médicale.

On le sait: seules 106.000 personnes ont souscrit une assurance en six semaines, dont 27.000 seulement grâce au site Web. Au début, le blâme a porté sur des bugs informatiques. Il s’est révélé que le problème était structurel -et les républicains ont réussi à montrer que le feu vert avait été donné pour le lancement le 1er octobre alors que des experts avaient prévenu que le site n’était pas prêt.

Healthcare.gov étant devenu le visage de la réforme, la technique a été engloutie sous le politique. Au lieu de laisser les clients potentiels venir faire librement leur marché sur le site (“Ce sera aussi simple que d’acheter une télé sur Amazon”, promettait Barack Obama), les responsables ont imposé une barrière: il fallait d’abord s’inscrire et entrer des données fiscales. L’administration Obama craignait que les visiteurs soient effrayés par le cout des assurances, sans avoir évalué d’abord le montant des subventions auxquelles ils pouvaient avoir droit d’après la réforme. Cette obligation d’entrer ses données personnelles -et la vérification nécessaire- ont rendu le processus extrêmement lourd.

Il s’est aussi trouvé que, du fait de la résistance des républicains à l’entrée en vigueur de la réforme, le site doit servir 36 Etats. L’administration espérait qu’un nombre beaucoup plus élevé d’Etats s’approprieraient la réforme et la mettraient en oeuvre eux-mêmes.

Pour Barack Obama, l’échec technologique est particulièrement vexant. Lui qui a gagné l’élection de 2012 grâce à un outil de campagne digne de la Silicon Valley, se retrouve paralysé tant que le site du ministère de la santé ne sera pas réparé. Et il n’ose même plus prédire que ce sera fait pour le 30 novembre, date-butoir qu’il a lui-même fixée.

Les télés ne parlent plus que de l’Obamacare. le Congrès ne s’occupe plus que de l’Obamacare.. On se croirait en 2010, au moment de la marée noire du Golfe, quand le pays, tétanisé, attendait que le pétrole cesse de s’écouler. Aujourd’hui, comme hier, la pression ne cesse de monter sur Barack Obama pour qu’il fasse cesser ce qui est vu comme une insulte à l’esprit national: comment un problème technique peut-il résister aux meilleurs ingénieurs américains ?

Dans sa conférence de presse de jeudi, le président a lui-même rappelé que son équipe de campagne avait “fait un sacré bon boulot” lorsqu’il s’était agi en 2008 et 2012 de travailler avec “les gens de la high tech et des technologies de l’information”.

Mais le gouvernement a d’autres règles du jeu “compliquées, encombrantes et dépassées”, a-t-il regretté.

– “S’il s’agissait de ma campagne je pourrais dire tout simplement : qui sont les meilleurs spécialistes, réunissons-les autour d’une table (…) Pour faire cela au niveau du gouvernement fédéral, il faut se plier à 40 pages de spécifications et il y a toute sortes de législations à considérer et cela rend les choses plus difficiles. C’est pourquoi les programmes fédéraux comportant des technologies de l’information dépassent généralement leur budget et dépassent les délais”.

Et, a-t-il ajouté, dans un dernier mea culpa :

– “Quand je pense à ce que j’aurais pu faire différemment, c’est un des éléments. Puisque je sais que le gouvernement fédéral n’est pas bon dans ce genre de choses, nous aurions du faire plus pour faire en sorte de changer ce fonctionnement”.

La faute au gouvernement fédéral. Les républicains n’auraient pas dit mieux.

PS: La panne informatique est aussi l’occasion pour les Américains de prendre conscience du nombre de “glitches” qui alourdissent leur vie. Dans le Washington Post, une lectrice expliquait être irritée tous les jours par une multiplication des “bugs”: mises à jour inadéquates des systèmes informatiques au travail, informations inaccessibles sur le site des retraites, gel du site d’inscription chez les girl-scouts…

Sans parler du problème du site commonapp.org, le plus consulté par les jeunes actuellement. Pendant que les Américains non assurés souffrent sur Healthcare.gov, leurs enfants peinent sur le site qui permet à plus d’un million de lycéens de poser leur candidature pour 500 des plus grandes universités. En raison de problèmes techniques, les délais ont du être repoussés.

About this publication