Washington: Europe Soon To Receive Magnitsky Law?

<--

Le climat de pessimisme de la capitale américaine est aggravé par le fiasco de la mise en place de la réforme sur la santé — “Obamacare”. A ce jour, à peine 10.000 Américains ont pu s’inscrire sur le site créé spécifiquement pour comparer les assurances et y souscrire.

Mais, au milieu de ce climat déprimé et déprimant, des citoyens “ordinaires” montrent qu’une seule personne peut changer le cours de l’histoire. Samedi 16 novembre, réception à 19:30 heures organisée par David J. Kramer, président de Freedom House. La journaliste franco-russe Elena Servettaz présente son livre: “Why Europe Needs a Magnitsky Law: Should the EU Follow the US?”

Elena Servettaz, presentatrice des journaux et reporter à RFI et aussi contributrice aux médias russes et américains, a réuni les contributions de 54 personnes autour de l’affaire Magnitsky. Petit rappel.

Il y presque quatre ans jour pour jour, Sergei Magnitski , un avocat de 37 ans, mourrait dans une prison de Moscou, battu à mort par ses geôliers. Son crime? Avoir dénoncé la plus importante fraude fiscale jamais commise en Russie. Mieux: cette fraude avait été l’oeuvre de fonctionnaires de l’Etat associés à un gang mafieu (même si la distinction entre les deux est parfois difficile à faire). Magnitski, avocat de l’homme d’affaires américain William Browder, avait constaté la disparition de 230 millions de dollars dûs à l’Etat russe. Lorsqu’il a voulu saisir la justice, il a été arrêté par les responsables de ce détournement.

Il y a un an, le Congrès des Etats-Unis a adopté une loi, The Magnitsky Act, interdisant l’entrée sur le territoire américain des personnes responsables de la mort de Magnitski. La liste des proscrits n’est pas limitative. De nouveaux noms devraient prochainement être ajoutés à cette liste de la honte.

Elena Servettaz, qui a suivi l’affaire Sergei Magnitsky comme journaliste et qui est l’une des meilleures expertes sur les mouvements citoyens d’opposition et sur les activistes en Russie, a eu l’idée d’un projet pour amener les membres de l’Union Européenne à réfléchir à la nécessité de l’adoption d’une loi Magnitsky en Europe. Elle a donc demandé à des personnes aussi diverses qu’Alexei Navalni, l’opposant à Putin, Sénateur américain John McCain, ou encore le père de l’une des Pussy Riot, de contribuer à la réflexion sur cette loi.

Elena Servettaz se place dans une tradition ancienne dite des “muckcrackers”, née dans les scandales du début du 20è siècle aux Etats-Unis, des journalistes d’investigation dont le travail a largement contribué aux réformes de la société. Parmi les plus célèbres de ces journalistes d’investigation, Lincoln Steffens ou H.L. Mencken. Plus proche de nous, I.F. Stone ou Seymour Hersch.

Le résultat de ce travail remarquable, Why Europe needs a Magnitsky Law, vient d’être publié. Elena Servettaz l’a présenté dans cinq pays, notamment au Parlement britannique, au au Sénat à Paris, au Parlement européen, au Parlement de la Haye, à Washington et au Harriman Institute de l’université de Columbia à New York.

Ce livre et le combat de Bill Browder marquent l’entrée dans une nouvelle ère des droits humains. Il y a eu l’élaboration de la théorie du “devoir d’intervention”, avec les Médecins Sans Frontières et la guerre du Biafra, en 1968. Voici la nouvelle étape, plus adaptée à la mondialisation et au développement de la mafia étatique: le respect des droits de l’hommes par la menace de ceux qui se rendent coupables d’exactions, quelles qu’elles soient et où qu’elles soient, que leur argent sale soit saisi, mais aussi qu’ils ne puissent plus voyager dans les pays démocratiques, notamment les Etats-Unis et l’Europe, où ils aiment dépenser leur argent. Comme il y a maintenant une lutte contre les paradis fiscaux, espérons qu’il y aura désormais, avec la même énergie, une lutte contre les personnes bafouant les droits de tout citoyen.

Le livre d’Elena Servattaz pourrait bien être le signal déclencheur d’une avalanche: au début, il s’agit d’une simple boule de neige qui dévale la pente, bientôt, c’est une force qui emporte tout sur son chemin.

About this publication