Afghanistan: All That for This …

Edited by Anita Dixon

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Afghanistan, tout ça pour ça…

Si, avant la fin décembre, le président Hamid Karzaï n’a pas signé l’accord de sécurité à long terme que lui propose Barack Obama, les 75 000 derniers soldats, pour l’essentiel américains, qui tentent de maintenir un semblant de sécurité en Afghanistan repartiront avec armes et bagages. Sans laisser derrière eux, outre 4 milliards de dollars de dotation annuelle, les 15 000 militaires étrangers prévus par l’accord afin d’aider l’armée afghane à lutter contre les terroristes et surtout à continuer la formation et l’entraînement des soldats locaux.

Or, après en avoir accepté le principe, Hamid Karzaï, président finissant puisque son mandat s’achève en avril, avance maintenant des conditions à sa signature : notamment la libération des 17 derniers prisonniers de Guantánamo et l’engagement par les soldats étrangers de ne plus perquisitionner dans les maisons afghanes “sans y avoir été invités”.

En réalité, le président que les Américains avaient choisi il y a douze ans presque jour pour jour à la conférence de Petersberg, et dont ils ont réussi à imposer la candidature et la réélection, termine son dernier mandat en confirmant que c’était un choix exécrable que de le distinguer parmi ses pairs. Tant il se sera révélé presque aussi corrompu que son frère Ahmed, trafiquant de drogue notoire, assassiné à Kandahar en 2011. Et d’une faiblesse insigne qu’il a longtemps fait passer pour de la ruse ou de la manipulation. En fait, Karzaï, en dépit du soutien constant que lui a prodigué la Maison-Blanche, n’aura jamais cherché à faire évoluer son pays, ni à lui faire abandonner ses démons qui en font toujours l’un des principaux fournisseurs de narco-trafiquants.

La peine de mort par lapidation pour adultère rétablie ?

Après douze ans pendant lesquels les ONG occidentales venues dans la foulée des soldats de l’Otan ont tenté, parfois au prix de la vie de leurs agents, d’émanciper les femmes, de promouvoir l’éducation, de civiliser la justice tribale, le gouvernement afghan envisage de revenir à des habitudes barbares et moyenâgeuses. D’après Human Rights Watch, dans le projet de nouveau code pénal, la peine de mort par lapidation pour adultère serait rétablie. Une menace qui a amené la bâtonnière de Paris, Christiane Feral-Schuhl, à écrire à son collègue afghan pour lui faire part de sa consternation et lui indiquer qu’un tel rétablissement amènerait l’Ordre des avocats à cesser tout contact avec ses confrères afghans.

Cruelle déception également pour tous ceux qui ont essayé de remplacer les champs de pavots qui fleurissent partout au printemps dans les vallées afghanes par des cultures de substitution. D’après une statistique de l’ONU, la récolte d’opium a atteint cette année un record historique de 5 500 tonnes, ce qui devrait réjouir les talibans qui profitent largement de ce trafic.

Ils sont décidément nombreux à souhaiter que le pays des Cavaliers de Kessel retourne à ses pratiques d’autrefois. En Afghanistan, et chez ses voisins. Ainsi ne faut-il pas trop s’étonner d’apprendre que le 3 décembre l’Iran a demandé à Hamid Karzaï de ne pas signer avec les Américains un accord impliquant une présence étrangère prolongée. Est-ce seulement parce que les mollahs ne veulent plus de troupes occidentales à leur frontière ou parce qu’ils souhaitent que se rétablissent des courants commerciaux aussi illicites que fructueux entre les deux pays ?

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