Treize mois: c’est le temps qu’il aura fallu à l’opposition républicaine pour récolter les fruits du début de second mandat catastrophique de Barack Obama. Selon un sondage CNN paru le 26 décembre, le GOP (Grand Old Party) émerge en tête des intentions de vote aux élections parlementaires de mi-mandat («midterms») de l’automne 2014, avec 49% d’avis favorables, contre 44 % pour les démocrates. Les républicains pourraient, si la tendance se confirmait, conforter leur emprise sur la Chambre des représentants et ravir le Sénat, sous contrôle démocrate.
Cette enquête constitue un net renversement de tendance, l’opposition prenant les devants pour la première fois. Le parti a capitalisé sur l’effritement massif de popularité du chef de l’État, qui chute à 41% en décembre, un piètre record en bientôt cinq ans au pouvoir. Ils ne seraient ainsi que 22% de démocrates à se dire «enthousiastes» pour le scrutin à venir, contre 36% de républicains.
Le camouflet est de taille pour le locataire de la Maison-Blanche, qui avait pourtant su bénéficier en octobre de la chute de popularité de ses adversaires, jugés responsables d’un désastreux shutdown gouvernemental, consécutif à une paralysie prolongée du dossier budgétaire. Le rapport de forces était alors inverse, avec 50 % d’intentions de vote pour les démocrates, contre 42 seulement pour les républicains. Cette dégringolade en deux mois à peine trahit bien un annus horribilis pour Obama, qui n’a pas su profiter de l’état de grâce consécutif à sa réélection aisée en novembre 2012.
Soucieux de peaufiner son bilan, le premier président noir du pays peine, de l’avis général, à imprimer sa marque sur l’exécutif. La faute, estiment les commentateurs, à son incapacité chronique de «mettre les mains dans le cambouis», contrairement à l’habile vice-président Joe Biden, plus au fait des arcanes fédéraux, dans la recherche de compromis bipartisan.
Apprenti bâtisseur mué en pompier malgré lui, Obama émerge groggy d’une vicieuse confrontation avec le Congrès au sujet du drame de Benghazi (Libye) au printemps, puis de la catastrophique mise en ligne de l’Affordable Care Act (couverture santé universelle), via le site healthcare.gov, à l’automne.
La litanie des couacs présidentiels ne s’arrête pas là: l’affaire Snowden et la fuite de cet ex-analyste de la NSA vers la Russie, avec une foule de secrets, a levé un coin du voile sur les programmes ultrasophistiqués de surveillance des citoyens américains par leur propre gouvernement. La poursuite des opérations antiterroristes à l’aide de drones tueurs, malgré la promesse d’un moratoire, continue d’aliéner des pays alliés au Moyen-Orient ainsi qu’en Asie du Sud, à commencer par le Pakistan et l’Afghanistan.
Barack Obama, parti se ressourcer deux semaines à Hawaï, son État natal, se veut cependant optimiste: «Nous abordons l’année à venir avec une économie plus forte qu’elle ne l’était au début 2013, et je crois sincèrement que 2014 pourrait être cette année charnière pour l’Amérique», qu’il s’agisse de la réforme de la loi sur l’immigration, de la création d’emplois ou du contrôle des armes à feu. Et les «midterms»? D’un revers de main, Obama balaie les critiques sur son impopularité: «Si je me fiais aux sondages, je n’aurais jamais brigué la présidence.»
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