2013 : la crise du cinéma français et le triomphe de Hollywood
Le-poster-officiel-de-La-Vie-d-Adele_portrait_w532.jpgAprès une année 2012 euphorique, grâce au succès populaire mondial des “Intouchables” et aux oscars de “The Artist”, le cinéma français a sombré en 2013 dans une crise profonde. Il y a un an pile paraissait le point de vue du producteur Vincent Maraval, qui mettait en lumière tout ce qui n’allait pas dans le système, au-delà de ces deux triomphes : des budgets généralement trop lourds, des artistes trop payés par rapport à ce qu’ils rapportent, des choix qui dépendent trop des critères des chaînes de télévision et un système de financement en danger : ce sont les télés qui payent les films, et si elles ne reçoivent pas de produits qui leurs fournissent de l’audience en échange, elles obtiendront tôt ou tard un changement du système.
On pourrait ajouter à la liste que les producteurs ne travaillent pas assez : ils donnent leur feu vert à des films qui ne sont pas prêts et ils n’obligent pas leurs auteurs à travailler suffisamment. Résultat ? Une mauvaise année 2013 dans les salles avec un recul des entrées de 10% sur un an, ce qui est énorme. Non pas à cause des films américains, qui ont maintenus leurs résultats, mais à cause des échecs français à répétition, notamment chez Pathé qui ne s’est pas remis de la mort de Claude Berri, mais aussi dans la propre maison de Vincent Maraval, Wild Bunch, qui jusqu’aux triomphes de “La vie d’Adèle” et de “Neuf mois fermes”, était en mauvaise posture.
De l’autre côté de l’Atlantique, c’est le contraire qui se produit : Hollywood a accumulé les mauvaises critiques parce qu’elle se repose sur des “marques” déclinées année après année dans des sagas peu imaginatives. Les super héros tournent en boucle…mais cela plaît. Certes, des bides très coûteux ont fait tomber des têtes : “Lone Ranger”, “R.I.P.D. Brigade Fantôme”, “After Earth” et désormais “47 Ronin” ont accumulé des centaines de millions de pertes, mais “Iron man 3”, “Hunger Games 2”, “Le Hobbit 2”, “World War Z”, “Moi moche et méchant 2” ou encore “Gravity” ont rempli les caisses. Alors que les cadres hollywoodiens comptaient déjà leurs abatis après un mauvais été, ils finissent l’année en sabrant le champagne : les billets se sont très bien vendus à Noël, grâce au dernier Disney et au Hobbit. Le chiffre d’affaire domestique record de 2012 (10,8 milliards de dollars) devrait être dépassé d’un cheveu ; mais c’est surtout l’international qui a changé la donne : la Chine est devenue un marché majeur et les revenus internationaux grimperont ainsi de 5%.
La domination mondiale de Hollywood est ainsi de plus en plus manifeste, la construction de multiplexes dans les pays émergents ne profite quasiment qu’à ses produits, ce qui lui permet de faire comme si le piratage n’existait pas. Quant au cinéma français, il paye ainsi sa plus grande erreur : s’il a survécu au fil des ans – ce qui en soit est un miracle -, s’il est devenu la 3eme industrie mondiale du secteur, c’est grâce à une méthode de financement qui s’appuie sur les télévisions françaises, et qui lui permet de se passer de succès publics en salles et même d’exportation. C’est sa chance – il ne coule jamais – mais c’est aussi sa limite : il n’avance jamais bien loin et il court le risque de disparaître le jour où les gouvernements français cesseront de le soutenir.
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