Les États-Unis touchés par le désastre de Faloudja
Maison par maison, rue par rue, les marines avaient combattu les insurgés sunnites dans Faloudja, lors de deux épisodes particulièrement sanglants, en 2004 et 2007. La ville en ruine, rebaptisée tantôt le «Verdun» ou le «Stalingrad» irakien par les GI éreintés, et admise au Panthéon des victoires à la Pyrrhus de l’US Army, avait finalement été reconquise. La pilule est d’autant plus amère, à présent que l’Amérique convalescente, tout juste sortie du bourbier irakien, découvre l’étendue du désastre.
Il n’aura fallu que trois jours de combats à ces mêmes insurgés pour reconquérir, du moins partiellement, ce symbole du sacrifice américain consenti pour pacifier le pays et stabiliser le Moyen-Orient, selon la vision chère à George W. Bush. L’inanité de cette politique, les milliers de milliards de dollars dépensés au cours d’une décennie de guerre en Mésopotamie, sans oublier les 4500 soldats tués (dont 1300 dans la seule province d’al-Anbar), sautent aux yeux de l’opinion américaine sous le choc des images venues de Faloudja livrée aux militants islamistes. Mais c’est le successeur de George W. Bush, Barack Obama, qui pourrait subir le feu des critiques, pour sa gestion relativement calamiteuse de l’après-guerre. En cause, l’incapacité de l’Administration démocrate à négocier avec le gouvernement irakien du chiite Nouri al-Maliki un accord concernant le maintien de troupes étrangères résiduelles, voire à lui fournir les armes nécessaires pour lutter efficacement contre la rébellion en pleine résurgence.
Une situation «aussi tragique que prévisible»
Les ténors républicains de l’opposition rejettent la responsabilité de ce fiasco sur Barack Obama. Dans un communiqué publié conjointement, les sénateurs John McCain (Arizona) et Lindsey Graham (Caroline du Sud) dénoncent une situation «aussi tragique que prévisible», dans la mesure où «nombre d’entre nous avaient anticipé que ce vide serait comblé par les ennemis de l’Amérique et émergerait comme une menace pour les intérêts américains en termes de sécurité nationale». «Si les Irakiens eux-mêmes sont dans une large mesure responsables pour ce désastre stratégique, ajoutent les deux adversaires farouches d’Obama, l’Administration ne peut pas réfuter sa part de responsabilité.»
«Les États-Unis suivent de très près les événements se déroulant dans la province d’al-Anbar, a rétorqué samedi Marie Harf, une porte-parole du département d’État. La barbarie (des agresseurs) contre les civils de Ramadi et Faloudja, et celle contre les forces de sécurité irakiennes s’impose à la vue de tous.» «Nous œuvrons, poursuit-elle, avec le gouvernement irakien à soutenir l’action des tribus qui combattent les militants de toutes les manières possibles.»
Un pont aérien tardif acheminerait missiles, munitions, drones Predator et Reaper vers al-Anbar. Mais l’incompréhension demeure entre l’ancien grand frère et l’allié récalcitrant, auquel ont été fournis des chasseurs-bombardiers F16, relativement inefficaces pour écraser une guérilla urbaine et furtive, forçant Bagdad à se tourner vers Moscou pour acquérir des hélicoptères d’attaque au sol plus appropriés.
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