Goldman Sachs n’en finit pas d’être rattrapé par son passé. Après avoir réglé de
lourdes amendes à la suite de scandales à répétition, la banque d’affaires américaine
espérait pouvoir faire son métier en paix, sans publicité aucune. Les poursuites
engagées le 23 janvier devant la justice britannique par le fonds souverain libyen,
la Libyan Investment Authority (LIA), en vue d’obtenir des compensations de la part
de l’établissement new-yorkais, l’ont tout à coup à nouveau arraché à l’effacement
recherché.
L’affaire remonte à 2008, quand l’Ouest avait accueilli le colonel Kadhafi les bras
ouverts. Les banques s’étaient alors précipitées pour vendre des produits financiers
hautement sophistiqués au fonds souverain libyen, gardien des pétrodollars de la
Grande Jamahiriya populaire et socialiste.
Michael Sherwood, le patron du trading de Goldman Sachs à Londres, avait négocié
directement avec Saïf Al-Islam, le fils cadet du Guide et homme fort de la LIA, fasciné
par la notoriété des opérateurs de la firme.
Mais les transactions concoctées par la crème des banquiers d’affaires s’étaient
révélées catastrophiques. En raison de mauvais paris sur les devises par Goldman
Sachs, la LIA avait perdu 98 % de la valeur de sa mise, soit plus d’un milliard de dollars
(730,4 millions d’euros) en mai 2011.
DOSSIER ENTERRÉ
Pour tenter de trouver un arrangement à l’amiable avec la LIA, Goldman Sachs avait
offert de payer 50 millions de dollars dans un premier temps.
Mais la banque s’était servi d’un intermédiaire, le beau-fils du patron de la société
libyenne des pétroles, ce qui lui avait valu d’être soupçonnée de corruption d’officiels
étrangers par la justice américaine.
Le dossier avait toutefois été enterré à la suite du déclenchement de la guerre civile à
l’été 2011 et de la chute du régime Kadhafi.
Considérée comme le bras séculier du régime, au côté de la compagnie nationale
du pétrole, la LIA avait été créée en vue de diversifier les revenus au-delà de
l’exploitation des hydrocarbures, qui constituent entre 80 % et 90% des recettes de
l’Etat.
Selon le dernier rapport du consultant londonien Preqin, les avoirs du LIA s’élevaient à
65 milliards de dollars en 2013.
REBOND
Considérée, à l’automne 2008, comme le symbole des dérives de la haute finance,
Goldman Sachs a connu une longue traversée du désert avant derebondir.
Ainsi, le dénouement du procès du Français Fabrice Tourre, reconnu coupable de
fraude financière en août 2013 par la justice américaine, a mis un terme à l’« affaire
Abacus », qui avait coûté 500 millions de dollars d’amende à la banque.
La normalisation de la crise de la zone euro a fait oublier le trucage par la banque des
comptes grecs. Par ailleurs, Lloyd Blankfein son insubmersible PDG, a su semaintenir à
la tête de l’institution.
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