State of the Union: Obama’s Semi-Offensive

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Un an de castagne stérile au Congrès n’ont certes pas servi l’image de Washington, et encore moins celle du pouvoir législatif, affligé de 20% d’opinions favorables à dix mois d’une échéance électorale. Mais le pire éclopé de cette année de tous les blocages, marquée par une fermeture ridicule de l’administration fédérale, n’est autre que le président, perçu depuis 2012 comme paralysé, impuissant, irrémédiablement enlisé dans ses arguties avec la majorité républicaine de la Chambre des Représentants. Au moins ce discours sur l’Etat de l’Union lui permet-il d’annoncer, enfin, un semblant de stratégie d’action.

Obama a eu tout de même l’honneur de confirmer la reprise économique américaine, la baisse du chômage à son plus bas niveau depuis cinq ans, la remontée des prix de l’immobilier, l’indice le plus rassurant dans un pays dont 70% des ménages possèdent leur logement. Si le premier paragraphe, en forme de bilan national, donnait du baume au cœur des Américains, il lui a fallu déployer des trésors d’optimisme pour calmer l’anxiété de ses concitoyens face à l’avenir, et démentir la crainte d’un déclin du pays, en rappelant, par exemple que les Etats-Unis, et non plus la Chine, sont les principaux destinataires des investissements mondiaux.

Soit. La principale nouvelle de ce soir se résume à celle-ci. Obama, à qui les Démocrates reprochaient d’avoir manqué son « moment Rooseveltien » en misant naïvement sur la coopération impossible des Républicains, a annoncé qu’il n’hésiterait pas à recourir au pouvoir réglementaire, aux « executive orders » pour contourner le blocage par le Congrès. Un tremblement de terre politique? Faute de pouvoir obtenir l’augmentation du salaire minimum par la Chambre, une mesure qui toucherait plus de 17 millions de salariés, Obama va décréter la hausse des salaires dans les entreprises sous contrat avec l’Etat. Son coup de force n’améliorera alors que le sort de quelque centaines de milliers d’employés. De même, son autre mesure, la création d’un plan de retraite par capitalisation inspiré de celui des fonctionnaires, ne brille pas par son envergure. Au moins le Président prend il en compte le thème montant de la contre-offensive démocrate avant les élections de novembre prochain, la lutte contre les inégalités de revenus qui minent la société américaine.

Les executive orders pourraient redorer le blason terni d’Obama auprès de ses électeurs démocrates, mais il risque aussi d’être interprété comme une déclaration de guerre par l’opinion républicaine, d’où le ton étonnement ouvert et conciliant, amical presque, du même président dans la suite de son discours. Hormis une allusion, plutôt ironique, aux 40 votes de la Chambre contre son assurance médicale, à part sa sortie, peu amène, sur la hausse des profits et des plus hauts revenus, face à la stagnation des salaires de la middle class, Obama n’a que brièvement abordé les sujets qui fâchent vraiment au Congrès, comme la réforme des lois sur l’immigration.

Le reste se cantonnait à des vœux aussi louables que l’égalité des salaires des femmes, l’amélioration de la formation professionnelle, la réforme de la fiscalité, trop favorable aux plus riches, la maternelle pour tous, et… la fermeture de Guantanamo, annoncée pourtant depuis 2008. Obama a certes suscité l’émotion, et invoqué l’union nationale, en demandant les ovations pour un soldat handicapé à vie par une bombe en Afghanistan, mais son discours sur l’Etat de l’Union annonçait plutôt une année de conflits larvés et de demi mesures, seules alternatives à l’hostilité d’une majorité républicaine en quête de réélection. Quant aux élus démocrates… Une heure après l’allocution présidentielle, ils affichaient leurs craintes que « l’offensive » du président ne leur aliène les voix des électeurs centristes. Plusieurs d’entre eux renâclaient même franchement à l’idée de s’afficher en campagne avec Obama. On est loin des rêves des présidentielles de 2008.

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