Obama to America: ‘Believe It!’

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Depuis qu’il a reconnu, dans ses confidences au New Yorker, qu’il ne fera au mieux qu’ajouter un petit paragraphe au grand fleuve de l’Histoire, Barack Obama est comme libéré. « Je crois que cette année peut être celle d’une percée pour l’Amérique » a-t-il lancé mardi soir au Congrès dans son très solennel « Discours sur l’état de l’Union », transformé cette année en piqûre de rappel d’optimisme à une Nation qui en avait certainement bien besoin. « Après cinq ans de courage et d’efforts résolus, les Etats-Unis sont mieux positionnés pour le XXIe siècle que toute autre Nation de la planète » a assuré le président.

Après cinq années déjà à la Maison Blanche, cinq « Sotu » (pour State of the Union) et finalement très peu de ses promesses réalisées, on rigolait bien ces derniers jours à Washington des annonces que Barack Obama pourrait faire encore dans ce discours et qu’il ne réaliserait sans doute pas plus que les précédentes. Les attentes étaient si bien retombées, de même que sa courbe de popularité (41% d’opinions favorables, 50% de défavorables au dernier Gallup), que l’optimisme à tous crins du président a finalement réussi à surprendre. Plus de 8 millions de nouveaux emplois ont été créés ces quatre dernières années, le marché immobilier a repris, le déficit budgétaire s’est réduit de moitié, les Etats-Unis produisent maintenant plus de pétrole qu’ils n’en importent, ils se sont dégagés des guerres d’Irak et d’Afghanistan et pourraient même réussir le désarmement nucléaire de l’Iran, a martelé Obama. « Un très bon discours, extrêmement puissant » reconnaissait mardi soir sur CNN l’ancien Speaker républicain Newt Gingrich, qui a rarement la dent tendre pour ce président.

Au rayon des annonces, le discours était moins spectaculaire. Pour l’essentiel, Obama a repris ses exhortations habituelles au Congrès : relever le salaire minimum, réduire les inégalités entre hommes et femmes, réformer le code des impôts, voter une réforme de l’immigration, accueillir les enfants dès 4 ans à l’école… D’excellentes propositions, qui figuraient déjà pour la plupart dans ses discours précédents mais se sont toutes heurtées au barrage de la majorité républicaine à la Chambre des représentants. Une fois encore, Obama a promis mardi soir d’agir par décrets pour avancer partout où il le pourra. Il relèvera ainsi au moins le salaire minimum des contractuels qui travaillent pour le gouvernement fédéral. Quelques centaines de milliers de travailleurs pourront en bénéficier, à mesure que les contrats seront renouvelés, mais pas les millions d’autres qui n’arrivent même pas à se nourrir avec leurs salaires.

L’optimisme, ou la confiance en soi retrouvée, d’Obama s’est traduite aussi par quelques piques bien envoyées. Contre le Congrès encore, qui a voté « plus de quarante fois », en vain, l’abolition de sa réforme santé. Ou contre les lois homophobes en Russie. Forts de leurs valeurs et de leur tolérance, les Américains vont bientôt amasser les médailles d’or aux Jeux Olympiques de Sotchi, a-t-il promis. Il faut croire, a conclu Obama.

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