Barack Obama: The Illusion and Limits of Power

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Barack Obama : illusion et limite du pouvoir

Gouverner, c’est aussi savoir créer des espoirs et donner l’impression d’agir. Pour son sixième discours sur l’état de l’Union, Barack Obama n’a pas failli à sa réputation d’excellent orateur. Mais, dans une démocratie comme les Etats-Unis, diriger, c’est aussi savoir tenir compte du savant équilibre du pouvoir entre le Congrès et la Maison-Blanche. Confronté à une Chambre des représentants dominée par l’opposition républicaine, le président a menacé d’agir par décret, si les mesures qu’il a annoncées n’étaient pas adoptées. Dans la grande tradition de la « nouvelle frontière » d’un Kennedy et de la « grande société » d’un Johnson, Barack Obama se veut résolument un démocrate social, sans être social-démocrate. Aujourd’hui, son objectif est de réduire les inégalités et de prendre des mesures en faveur des classes moyennes. Des buts qui répondent à un sentiment très largement partagé par les Américains, pour qui l’écart entre riches et pauvres s’est creusé au cours des dernières années. Mais l’Amérique reste profondément divisée sur le rôle que doit avoir le gouvernement dans la société et l’économie, comme elle l’est sur la réforme de l’assurance-maladie. En agissant unilatéralement par décret présidentiel, le président américain risque tout simplement de réduire une nouvelle fois ses ambitions. Ainsi le projet d’une loi sur le salaire minimum, qui n’a quasiment aucune chance de passer le barrage parlementaire, visait à donner un coup de pouce à quelque 17 millions d’Américains. En revanche, sa promesse de relever unilatéralement de 40 %, à 10,10 dollars, le salaire horaire pour les contractuels de l’Etat fédéral, ne concernera que 250.000 salariés. Et, d’une simple signature, il ne peut ni relever le salaire minimum fédéral pour tous, surtout dans un pays où les Etats eux-mêmes peuvent le fixer, ni non plus réformer les législations sur l’immigration pour légaliser quelques millions de sans-papiers, ni décider seul du budget fédéral et des recettes fiscales. Il est évident que Barack Obama n’est pas le seul responsable de cette paralysie. Son opposition bloque, il est vrai, presque toutes ses initiatives. Mais Barack Obama a également des difficultés à convaincre parfois des représentants de son propre camp. Certes, il est finalement sorti vainqueur en octobre de son bras de fer avec son opposition sur le budget après deux semaines de paralysie des administrations. Mais sa victoire risque d’être de courte durée et la question du relèvement du plafond de la dette risque de se poser, une nouvelle fois, d’ici à la fin février. On est loin en tout cas des promesses du « Yes, we can » de 2008, qui semble une lointaine illusion. D’autant qu’il est peu probable que les démocrates reprennent la majorité dans les deux Chambres aux élections de mi-mandat de novembre prochain.

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