American Recreation

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Récréation américaine

Les quatre jours de Hollande aux Etats-Unis lui feront sûrement des bons souvenirs. L’actualité intérieure lui en prodigue peu. Quant à Barack Obama, il se sera consolé un moment d’un taux de popularité d’« à peine » 40 %, en compagnie d’un président français à moins de 20. Les commentaires sérieux relèvent par ailleurs à juste titre que Washington a pris conscience de l’utilité potentielle de la France : en Europe, elle est encore classée grande, mais elle est devenue faible.

Judicieusement amadouée, elle pourrait être un poney de Troie dans le camp d’une Merkel coriace. En Syrie, elle aura été la victime et le témoin d’une dérobade qui ne fait que rallonger la liste des mécomptes américains au Proche-Orient. En Afrique enfin, elle a su se servir de ce qui lui reste d’influence pour utiliser ce qui lui reste d’armée à contenir des catastrophes islamistes. Et le zéro pointé de l’Europe dans ces affaires aide à la raffermir au Conseil de sécurité de l’ONU.

On comprend que Hollande ait ressenti une forme de bonheur à la reconnaissance de ses atouts (faiblesses incluses). Obama nourrit sans doute aussi quelque espoir d’influencer son nouveau partenaire. Mais Hollande n’étant pas novice en manipulation, on parierait qu’il sourit déjà aux moyens de déjouer ses calculs. Tout cela conspire à nourrir cette sorte de bonheur diplomatique supérieur qui est le signe des bonnes rencontres internationales, et qui apporte un dérivatif puissant aux médiocres coups bas de la politique intérieure. D’où cette atmosphère de récréation presque réjouissante. Pour l’Américain, libéré un temps de ses implacables républicains ; pour le Français, affranchi quelques jours de ses insupportables socialistes.

On ne saurait non plus oublier qu’au même moment la détestable indiscrétion de la presse people s’est mise à agresser Obama sur sa prétendue inconduite avec une chanteuse. Hollande, lui, est survenu justement en compagnon d’infortunée bonne fortune, mais aujourd’hui libéré de toutes ces chaînes. Car à le voir ainsi réjoui, rayonnant, on aurait juré qu’il fêtait ses retrouvailles avec la vie de garçon. On en est heureux pour lui, mais ses amis vont le lui faire payer après la récré. Ils ne lui pardonneront pas de sitôt d’avoir eu l’air aussi heureux en Amérique.

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