Changement de ton aux Etats-Unis dans le scandale de manipulation des taux interbancaires. Alors que les mises en cause se comptent encore au compte-gouttes, l’agence fédérale américaine de garantie des dépôts, la FDIC (Federal Deposit Insurance Group) a décidé de renchérir vendredi. L’autorité de tutelle de plus de 5.000 établissements financiers a annoncé qu’elle portait plainte contre seize banques internationales, les accusant d’avoir lésé une dizaine de petites banques américaines qui ont, aujourd’hui, disparu.
« Pertes substantielles »
Parmi les banques européennes, sont mises en cause UBS, Deutsche Bank, RBS, Barclays, Credit Suisse, HSBC, Rabobank, Lloyds Banking Group, West LB, ainsi que la Société Générale, l’unique banque française incriminée. Elle attaque aussi l’association des banques britanniques, la BBA, chargée de superviser la cotation à Londres du Libor. Mais deux grands établissements américains sont aussi sur le gril, Bank of America et Citigroup. En cherchant à orienter de concert le taux auquel les banques se prêtent entre elles, en particulier lors de la crise car il pouvait révéler leurs difficultés, ces banques ont entraîné entre 2007 et 2011 « des pertes substantielles » pour 38 banques qui avaient été placées sous l’administration de la FDIC, estime cette dernière, en particulier Washington Mutual et IndyMac Bank. Pour l’agence en effet, ces grandes institutions financières ont rompu des contrats noués avec ces banques qui ont dû fermer, en faussant le taux du Libor auquel ces mêmes contrats étaient liés et qui en fixait la valorisation. L’agence américaine cherche donc à récupérer des indemnités égales aux pertes essuyées par ces petites banques, ainsi que des dommages supplémentaires pour violation des lois antitrust. En général, elle exige des amendes de plus de 1 milliard de dollars, selon le « Financial Times ».
Seuls les organes de refinancement Freddie Mac et Fannie Mae ont officiellement lancé des plaintes à grande échelle. Des banques ont été condamnées à titre individuel par des régulateurs. En 2011, UBS, déclenche le scandale auprès des régulateurs pour gagner son immunité, mais paie 1,1 milliard d’euros. Barclays ensuite s’acquitte de 290 millions de livres en 2012, pour partie au régulateur américain, suivi en février 2013 de RBS. Celui-ci a versé 450 millions d’euros, pour partie à la CFTC américaine et au département américain de la Justice.
Seule la Commission européenne s’est lancée dans des amendes en série. En décembre, elle a condamné 5 banques pour cartel pour 1,7 milliard d’euros, dont la Société Générale. Au total, les banques se seraient acquittées de 6 milliards de dollars d’amende dans ce scandale dans le monde.
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