Why US-Funded 'Cuban Twitter' Failed

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Pourquoi le “Twitter cubain” payé par les Etats-Unis a échoué

Par L’Expansion.com, publié le 04/04/2014 à 16:11, mis à jour à 16:12

Les Etats-Unis ont financé de 2009 à 2012 Zunzuneo, un réseau social censé encourager la dissidence cubaine, dévoilait l’Associated Press jeudi. L’échec de ce programme rappelle qu’Internet n’est ni libre ni répandu sur l’île.

Comme un parfum de guerre froide. Un demi-siècle après le débarquement raté de la baie des cochons, les Etats-Unis ont essayé à partir de 2009 de favoriser la dissidence cubaine à travers Zunzuneo, une sorte de Twitter spécialement créé pour l’île. Mais ce programme n’a jamais décollé (à peine 40.000 utilisateurs ont rejoint le réseau en trois ans) et a donc été enterré en 2012, raconte une enquête de l’Associated Press.

Ces révélations embarrassent les Etats-Unis. Le porte-parole de la Maison Blanche a juré jeudi qu’il ne s’agissait que d’un projet “d’aide au développement”. Elles questionnent aussi l’état du Web cubain: peut-on s’exprimer librement sur Internet sous le régime castriste?

Internet, ce luxe

L’ONG Freedom House est catégorique: elle classe Cuba à la 59e place sur 60 pays dans son étude de 2013 des libertés sur Internet. Soit pire que la Syrie et la Chine et à peine mieux que l’Iran. Le régime de Raul Castro arrive en bas du tableau sur les trois critères étudiés: obstacles à l’accès au Web, limitations des contenus et violations des droits des utilisateurs.

Seulement 23,2% de la population cubaine utilisait Internet en 2010, selon les statistiques officielles (3,7% en 2002). Et encore: la majeure partie n’a pas de connexion à domicile. Moins de 5% des cubains auraient “librement” accès au Web, selon Freedom House.

Il existe bien des cybercafés mais les tarifs sont prohibitifs -autour de 5 à 10 dollars de l’heure soit la moitié du salaire mensuel…- et il faut y décliner son identité avant de surfer, ce qui rend l’anonymat impossible de fait.

“Aujourd’hui encore c’est l’argent qui nous divise, entre d’un côté les Cubains qui peuvent avoir accès au Net et ceux qui ne l’auront jamais, et qui d’ailleurs s’en moquent, leur priorité étant de d’abord de manger”, explique un article du Diario de Cuba, repris par Courrier International. Et d’ajouter: “Comment se soucier de l’information quand ce qu’il faut chercher d’abord, c’est de quoi se remplir l’estomac, et des vêtements à peu près corrects pour soi et sa famille?”

Filtrage et flicage

Certains sites sont inaccessibles à Cuba, dont Youtube et des blogs critiques à l’égard du régime, comme celui de Yoani Sanchez. Difficile de parler de Big Brother pour autant: des internautes contournent facilement la censure, par exemple, en tweetant par des services de SMS ou en faisant circuler des fichiers à l’aide de disques ou clés UBS plutôt que par e-mails.

Au-delà des aspects financiers et techniques, la peur de la surveillance et l’autocensure engendrées par le régime sont prégnantes. A Cuba, “on sait qu’on est surveillé dans la plupart des aspects de sa vie. Je pense que les gens s’attendent à être également surveillés en ligne”, explique à Mashable Ellery Biddle, un chercheur suit depuis six ans l’état des libertés en ligne dans le pays. La censure en ligne n’est en fait que le miroir de la vie quotidienne.

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