Dropbox Attracts Condoleezza Rice and the Ire of Its Users

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Le service Dropbox attire Condoleezza Rice et s’attire les foudres de ses usagers

14 avril 2014 09h52 | Fabien Deglise | Les mutations tranquilles

La nomination a été présentée comme une jolie prise. Mais malheureusement, elle a surtout été perçue comme… douteuse.

La semaine dernière, le populaire service de stockage et de partage de fichiers, Dropbox, a fait l’unanimité contre lui en annonçant en grande pompe l’entrée dans son conseil d’administration de Condoleezza Rice, ex-secrétaire d’État des États-Unis et conseillère à la sécurité nationale sous George W. Bush. Un choix dénoncé par les progressistes de la Silicon Valley qui n’ont pas manqué de rappeler au bon souvenir du présent les états de service de Mme Rice pour mieux souligner leur incompatibilité avec l’esprit des entrepreneurs de la côte ouest américaine tout comme avec celui de ce service de partage de fichier qui a besoin d’inspirer la confiance pour bien fonctionner. Ce que l’apparition de Mme Rice dans l’algorithme organisationnel de Dropbox, acteur important de l’informatique dans le nuage, ne permettrait pas d’assurer.

«C’est profondément gênant, résument les détracteurs de la dame sur un site baptisé Drop Dropbox — lâchez Dropbox! — qui mène la charge pour que le service de partage «lâche» l’ex-politicienne. Tout ceux, individus comme entreprises, qui sont préoccupés par les questions d’éthiques devraient être préoccupés» par cette nomination.

Même si, la républicaine est aujourd’hui prof à l’Université Stanford, ainsi que conseillère pour quelques entreprises versées dans le numérique, son passé la rattrape. Ainsi, se demandent les opposants à cette nomination, comment Mme Rice peut-elle être de bons conseils pour Dropbox alors que dans l’administration Bush, elle a fait la promotion et aurait même autorisé des écoutes électroniques sans ordre d’une cour de justice. Ces écoutes nationales visaient à l’époque des membres du conseil de sécurité de l’ONU.

Dans un présent numérique troublé où la surveillance numérique des citoyens par les gouvernements mine les fondements de la démocratie et la confiance des usagers envers plusieurs services offrant la possibilité de mettre des contenus personnels sur des serveurs informatiques distants, comme le fait Dropbox, le curriculum vitae de Condoleezza Rice est donc loin d’être de bon augure pour le service de stockage. Il a d’ailleurs besoin, dans le contexte, de tout sauf d’un doute sur sa capacité à tenir les yeux des services secrets et de l’administration publique loin de la vie privée de ses usagers. Toute apparence de connivence avec des artisans de cette nouvelle surveillance numérique ne peut également qu’être délétère.

Sur le réseau Twitter, le mot-clic #DropDropbox a d’ailleurs fait son apparition pour demander au patron de l’entreprise, Drew Houston, de revenir sur sa décision en trouvant un candidat un peu moins teinté à mettre dans son conseil d’administration. Les échanges liés à ce hashtag, comme on dit à San Francisco, sont d’ailleurs une bonne occasion pour plusieurs de rappeler que Mme Rice a également été, à titre de conseillère à la sécurité nationale, une des architectes de la guerre en Irak. Elle a aussi participé à la mise en place du programme de torture des prisonniers militaires, entre autre à la prison d’Abou Ghraib, tout en affirmant haut et fort sa légitimité. Tout un CV qui effectivement mérite d’être enfermé dans une boîte, mais visiblement pas celles de Dropbox.

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