Faced with China, the Philippines Shelters under the American Shield

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Face à la Chine, les Philippines s’abritent sous le bouclier américain

En tournée en Asie, Barack Obama a signé un accord militaire avec l’archipel, en butte aux appétits de la marine chinoise.

Après avoir visité le Japon, la Corée du Sud et la Malaisie, Barack Obama est arrivé lundi aux Philippines, dernière étape de sa tournée asiatique. Le président américain a été accueilli à l’aéroport de Manille par son homologue philippin, Benigno Aquino. Washington et Manille ont à cette occasion annoncé la signature d’un accord important qui permet un renforcement de la présence militaire américaine aux Philippines.

Quel intérêt ont Washington et Manille à renforcer la présence militaire américaine ?


Les Philippines se sentent menacées par la Chine. En 2012, la marine chinoise s’est emparée du récif Scarborough, une île située à 160 km des Philippines et à 800 km des côtes chinoises, qui appartenait jusqu’alors à Manille mais est revendiquée par Pékin sous le nom de Huangyan.

Pékin veut mettre la main sur plusieurs autres îles et récifs, et des navires chinois circulent sans relâche dans leurs parages riches en gaz et hydrocarbures. En février 2014, le président philippin Benigno Aquino a comparé les incursions de la marine chinoise avec l’annexion du territoire tchécoslovaque par Hitler en 1938. Manille a entamé une procédure d’arbitrage auprès de l’ONU, en s’appuyant sur la Convention onusienne sur les droits de la mer de 1982. Pékin, bien que signataire, refuse de se soumettre à cette procédure.


Pour leur part, les Etats-Unis renforcent depuis 2011 leur présence diplomatique et militaire en Asie Pacifique – une stratégie que Barack Obama a qualifiée de «pivot vers l’Asie». Un millier de GI sont désormais postés à Darwin, en Australie, dans le cadre de cette stratégie. Officiellement, ce «rééquilibrage» militaire américain vers l’Asie ne vise pas la Chine. Officieusement, il s’agit de modérer une marine chinoise perçue comme agressive par presque tous ses voisins.

Quel est le contenu de cet accord ?


Ledit «Accord de coopération de défense amélioré» est présenté comme un amendement au traité de défense mutuel américano-philippin de 1951. Il autorisera des troupes, des avions et des navires militaires américains à stationner temporairement aux Philippines, où les dernières bases américaines ont fermé en 1992. Le volume de ces rotations n’a pas été précisé, ce qui laisse supposer qu’il pourra être augmenté si besoin est. «Une coopération plus étroite entre les forces américaines et philippines permettra […] de répondre plus rapidement à toute une série de situations», a justifié Barack Obama. L’accord autorise également l’armée américaine à stocker du matériel en vue d’une mobilisation plus rapide des forces américaines dans la région. Il ne s’agit toutefois pas, selon Obama, «de reconstruire d’anciennes bases ou d’en bâtir de nouvelles».



Quel est l’objectif de l’accord ?


Dissuader la Chine de recourir à la force pour s’emparer des territoires maritimes qu’elle estime lui appartenir. «Je suis convaincu, ainsi que le président Obama, que les disputes maritimes et territoriales dans la région Asie Pacifique doivent être résolues de manière pacifique, selon la loi internationale», a déclaré Benigno Aquino.



La Chine peut-elle le prendre comme une provocation ?


Pékin a jusqu’alors réagi relativement calmement. Mais la Chine perçoit la stratégie du «pivot» américaine comme une tentative d’endiguer sa montée en puissance régionale. Se sentant désormais davantage protégé par le parapluie militaire américain, «Manille pourrait devenir plus audacieux, et même imprudent, dans ses rapports avec la Chine, et faire monter la tension régionale», avertissait lundi un commentaire de l’agence Chine Nouvelle. Rommel Bandaloi, un analyste philippin sur les questions de sécurité, estime que les rapports entre Manille et Pékin ne peuvent désormais que «se détériorer davantage». « Nous renforçons nos relations avec Washington, déplore-t-il, aux dépens de nos relations avec Pékin.»

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