In Oklahoma, Failed Execution Revives Debate over Lethal Injections

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Dans l’Oklahoma, l’exécution ratée d’un Américain relance le débat sur la pratique de l’injection létale

Après une nouvelle exécution ratée dans l’Oklahoma, la nature problématique de l’injection létale devient indéniable. Cette mise à mort médicalisée mais sans médecin correspond à une opération étatique périlleuse pour des États qui pensaient pourtant avoir trouvé la solution idéale pour continuer à exécuter en Amérique.

L’injection létale s’est développée à la fin des années 1970 lorsque la peine capitale renaît après une décennie de moratoire dû aux débats devant la Cour suprême sur la constitutionnalité des exécutions. En revenir aux méthodes anciennes, principalement la chaise électrique ou la chambre à gaz, plus rarement la pendaison ou la fusillade, semble alors incongru. Inspirée des techniques d’euthanasie vétérinaire, l’injection létale est alors mise au point. Le condamné reçoit successivement en injection intraveineuse trois produits qui l’endorment, le paralysent puis arrêtent son cœur. Charles Brooks Jr., condamné afro-américain texan, est le premier à périr ainsi en décembre 1982. Au cours des années 1980 et 1990, l’injection létale devient la méthode de choix, une véritable panacée. Aux yeux des témoins, l’exécution s’apparente à un non-événement. Le condamné agonise sans un mouvement ou presque en une dizaine de minutes. Après l’exécution, le corps du condamné ne présente aucune séquelle. L’injection létale paraît accomplir le rêve du bourreau moderne : l’exécution parfaitement propre.

AU NOM DU SERMENT D’HIPPOCRATE, LES MÉDECINS REFUSENT DE DÉTERMINER LES DOSAGES

Pourtant, dès le début des années 2000, des voix discordantes se font entendre. Sollicités par les avocats des condamnés à mort, plusieurs experts médicaux remettent en cause l’aspect indolore de la procédure. Ils soulignent que si l’anesthésiant est mal préparé ou mal dosé, il peut être inefficace. Cela conduit à une souffrance très importante lors de la mise en action du deuxième produit, un dérivé du curare qui paralyse progressivement le condamné. Au-delà, l’injection létale nécessite une expertise médicale pour déterminer les doses nécessaires et pour réussir à installer correctement l’intraveineuse dans le bras du condamné. Or les médecins américains, au nom du serment d’Hippocrate, se refusent à accomplir ce geste. Tout juste acceptent-ils de certifier la mort du condamné.

L’installation de l’intraveineuse et la préparation des doses se voient donc confier à du personnel pénitentiaire que l’on forme à des techniques médicales. Mais dans certains États, cette formation se révèle insuffisante comme le met à jour en 2006 l’enquête du juge fédéral J. Fogel en Californie. Le personnel ne savait pas préparer l’anesthésiant et les doses étaient employées de manière approximative. Entre 2001 et 2005, plusieurs condamnés ont été exécutés dans de grandes souffrances dans cet État.

En 2008, la Cour suprême des États-Unis finit par intervenir dans le débat. Dans son arrêt Baze v. Rees, la Cour juge l’injection létale constitutionnelle. Pour les magistrats, rien dans la Constitution ou dans la jurisprudence ne garantit aux condamnés une exécution sans douleur. D’autres magistrats soulignent que les abolitionnistes, dans cette affaire, n’ont pas su apporter des preuves déterminantes de l’aspect barbare de l’injection létale. Toutefois dans les années suivantes, on constate plusieurs évolutions importantes. D’une part, l’abandon du pancuronium de bromide, ce dérivé du curare qui pouvait causer des souffrances majeures si l’anesthésiant ne fonctionnait pas. D’autre part, plusieurs États adoptent l’injection létale à un seul produit. Le condamné est tué par injection massive d’un barbiturique. Cette méthode de mise à mort est beaucoup plus longue mais elle semble garantir une exécution sans douleur physique.

Le combat contre la peine de mort aux États-Unis connaît parallèlement quelques succès notables. L’abolition triomphe dans l’Illinois, au Nouveau Mexique, au New Jersey. On en discute très sérieusement dans l’État de Washington et dans celui du New Hampshire. Mais les progrès sont lents et difficiles. En novembre 2012, les Californiens rejettent l’abolition, le non l’emporte avec 52% des voix. Surtout, dans le Sud, rien ne semble pouvoir arrêter le bourreau. Dans ces États, les recours juridiques permettent aux avocats et aux abolitionnistes de ralentir les exécutions.

Ces derniers temps, l’exigence de transparence quant aux procédures d’exécution a permis d’obtenir de nombreux sursis de la magistrature fédérale. Traditionnellement, l’administration pénitentiaire en charge des exécutions agissait dans le plus grand secret. Mais aux États-Unis, le droit de la presse à couvrir les affaires judiciaires et pénitentiaires a toujours été reconnu. Il n’est presque plus possible pour les États de cacher quels produits ils utilisent pour leurs exécutions et où ils les ont obtenus. Dans l’Oklahoma, la confusion a régné jusqu’au bout sur ce point. Après cette exécution ratée, il y a fort à parier que l’enquête diligentée par la gouverneur Mary Fallin mettra à jour la façon dont cette exécution a été préparée et conduite.

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